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Attentats en Catalogne : qui sont les "Mossos d'Esquadra", la force de police régionale ?

Les membres de cette force de police ont été les premiers à intervenir, jeudi, lors des attentats qui ont fait 14 morts en Catalogne. 

Article rédigé par franceinfo
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Des officiers des Mossos d'Esquadra, la police catalane, inspectent les environs de la morgue à Gava, près de Barcelone (Espagne), où un homme a tué deux policiers le 6 juillet 2017. (JOSEP LAGO / AFP)

Les attentats à Barcelone et Cambrils, jeudi 17 et vendredi 18 août, ont placé sous le feu des projecteurs les Mossos d'Esquadra. Leurs membres ont été les premiers à intervenir sur les lieux des attaques. On les a vus évacuer les lieux, organiser les secours, boucler le quartier, encadrer les opérations. Et leur compte Twitter est devenue LA source officielle à suivre pour connaître les dernières informations, en catalan, en castillan et en anglais. Mais quelle est cette police régionale étroitement liée à l'histoire de la Catalogne ? Quelles sont ses compétences ? Eléments de réponse.

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Pourquoi une police spéciale catalane ?

La naissance de ce corps de police remonte à trois siècles. Les Mossos d'Esquadra, qui signifient "jeunes hommes d'escadron", ont été créés en 1719, explique le site officiel de l'institution. Cette force armée était alors chargée de protéger les marchandises sur les routes, les foires et les marchés de cette région à forte tradition commerciale.

Dans les années 1930, sous la deuxième République espagnole, cette police est chargée d'assurer l'ordre dans une Catalogne qui jouit d'un statut d'autonomie. Mais en 1939, la dictature franquiste y met fin et dissout le corps, avant de le rétablir dans des fonctions très étroites et très encadrées.

Avec le retour de la démocratie en Espagne après la mort de Franco, en 1975, les pouvoirs des Mossos sont largement étendus. Au cours des années 1990, ils deviennent une police à part entière. Elle compte actuellement 21 000 agents, selon Wikipedia, qui dépendent directement du gouvernement de la Catalogne, région bénéficiant d'un statut d'autonomie depuis 2006, tandis que la Guardia civil (comparable à la gendarmerie en France) reste nationale.

Quelles sont ses compétences ?

Les Mossos d'Esquadra sont chargés d'assurer la sécurité (y compris routière) sur tout le territoire de Catalogne. Leur travail quotidien, selon le site officiel, "porte sur tout type de délits" : contre les biens, les personnes ou l'ordre public.

Ce sont donc eux qui sont intervenus lors des attentats perpétrés jeudi et vendredi, eux qui ont arrêté les quatre personnes détenues et abattu cinq assaillants à Cambrils. "Les terroristes présumés circulaient dans une Audi A3 et ont apparemment renversé plusieurs personnes avant de se heurter à une patrouille des Mossos d'Esquadra et la fusillade a commencé", explique le gouvernement régional dans un communiqué.

Ils disposent même d'unités spécialisées en cas d'attentat, notamment une équipe de déminage et une force d'intervention semblable au Raid ou au GIGN chez nous. En revanche, la lutte contre le terrorisme reste du domaine national, tout comme celle contre le crime organisé.

Est-elle associée à la lutte contre le terrorisme ?

Le terme "terrorisme" n'apparaît qu'une fois sur le site officiel des Mossos d'Esquadra. Depuis décembre 1998, peut-on lire, "les Mossos d'Esquadra sont en liaison permanente avec le bureau national central d'Interpol / Europol à Madrid" pour obtenir les données sur les personnes recherchées. Barcelone dépend, donc, du pouvoir central pour l'échange de ces informations. Ce que n'ont pas manqué de dénoncer de nombreux militants régionalistes et indépendantistes, au lendemain des attaques meurtrières. 

Car si la lutte contre le terrorisme relève du niveau national, elle est évidemment d'autant plus efficace si la coordination entre polices locales, régionales et nationale fonctionne au mieux. Ce qui n'est pas toujours évident. Le journal espagnol ABC relève par exemple que le ministre catalan de l'Intérieur, Joaquim Forn, et le Premier ministre, Mariano Rajoy, ont tenu vendredi 18 août deux réunions de crise... séparées. 

Il est vrai que les rapports sont plutôt froids entre le gouvernement conservateur de Madrid et le gouvernement indépendantiste de Catalogne, qui compte organiser d'ici le 1er octobre un référendum d'autodétermination unilatéral, désapprouvé par le pouvoir central. Et à cette occasion, souligne Le Monde, le gouvernement catalan a nommé à la tête des "Mossos" un haut fonctionnaire de police connu pour ses opinions tranchées en faveur de la sécession, Pere Soler. Un haut fonctionnaire qui devra désormais s'attaquer aussi au terrorisme.

Néanmoins, selon L'Indépendant, une coopération avait déjà été mise en place entre les échelons régionaux et nationaux. "Depuis 2015, écrit le quotidien, un programme opérationnel spécial antiterroriste, constitué par cinq équipes ordinaires et deux extraordinaires de Mossos, a été mis en place pour surveiller les cercles musulmans considérés comme potentiellement à risque, à l’extérieur comme dans les prisons, ou dans les commissariats." Selon ce même article, qui date de novembre 2016, "depuis 2012, une trentaine d’opérations contre des cellules jihadistes ont été menées en Catalogne" avec "62 personnes arrêtées", soit "plus des deux tiers du nombre d’arrestations d’islamistes radicalisés effectuées sur l’ensemble du territoire espagnol".

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