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Vidéo Les liens contre-nature du WWF avec l'industrie de la chasse aux trophées

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Complément d'enquête. Les liens contre nature du WWF avec l'industrie de la chasse au trophée
Complément d'enquête. Les liens contre nature du WWF avec l'industrie de la chasse au trophée Complément d'enquête. Les liens contre nature du WWF avec l'industrie de la chasse au trophée
Article rédigé par France 2
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Le WWF est sur tous les fronts pour la défense de l'environnement. Mais depuis quelques mois, l'image du gentil panda présent sur son logo commence à se brouiller. Le Fonds mondial pour la nature soutiendrait des activités contraires à ses valeurs, comme la chasse aux trophées. "Une trahison de sa mission originelle" que dénonce un ancien membre de la direction de l'ONG dans cet extrait de "Complément d'enquête".

Une ONG de protection de l'environnement et des espèces menacées fondée par... des chasseurs. Voilà qui paraît invraisemblable, mais c'est pourtant le cas du WWF, qui a choisi le panda pour icône. "Complément d'enquête" consacre le 18 février 2021 un document au célèbre Fonds mondial pour la nature.

Au nombre de ses présidents-fondateurs : le prince Bernhard des Pays-Bas et le duc d'Edimbourg, le mari de la reine d'Angleterre. Dans sa résidence de Sandringham, la famille royale britannique exposait encore récemment ses trophées : bébé rhinocéros, peau de tigre, défense d'éléphant, léopard transformé en tapis... Et c'est l'un des plus grands chasseurs de trophées au monde, Peter Flack, qui a administré le WWF Afrique du Sud jusqu'en 2015.

"La chasse aux trophées est une obscénité"

Ces liens contre-nature, un ancien membre de la direction de l'organisation au panda les a dénoncés publiquement. Eduardo Gonçalves a quitté le WWF pour fonder une ONG de lutte contre la chasse aux trophées, qu'il considère comme "une obscénité". En enquêtant pour son association, il fait des découvertes étonnantes : en 2000, le WWF a publié des guides... pour évaluer les plus beaux trophées. Ils sont encore en ligne sur des sites internet de chasseurs. 

L'un d'eux, intitulé Compter la faune sauvage, montre aux villageois africains comment mesurer un trophée tel que la corne d'un rhinocéros, une défense d'éléphant ou la peau d'un lion. Sur ses pages, le panda du WWF voisine avec le logo du Safari Club International, un lobby de chasseurs de trophées basé aux Etats-Unis. Le WWF a aussi organisé des ateliers en partenariat avec des organisations locales, explique Eduardo Gonçalves, pour enseigner aux communautés africaines comment participer à l'industrie de la chasse aux trophées. 

"C'est exactement tout ce que le WWF devrait combattre"

Pourquoi une ONG qui défend les espèces menacées s'est-elle associée à la promotion de la chasse aux trophées ? Une contradiction fondamentale, mais pas seulement, selon Eduardo Gonçalves : "C'est aussi une trahison de sa mission originelle, et de la raison pour laquelle les gens donnent de l'argent au WWF. Car c'est exactement tout ce que combat le WWF, ou devrait combattre. Et en tous les cas, tout ce que la majorité des gens croient qu'il combat."

Par mail, la direction du WWF dément tout "intérêt financier [ou] lien direct avec l'industrie de la chasse aux trophées" et déclare avoir "aidé les populations locales, à leur demande, à s'assurer que la chasse est pratiquée de manière raisonnée (...)". Mais quand on sait que dans le sud de l'Afrique, la chasse aux grands mammifères rapporterait 350 millions d'euros par an aux organisateurs de safaris, aux gouvernements et aux populations locales, on peut se demander si le WWF ne serait pas pris entre des exigences contradictoires...

Extrait de "WWF : à quoi joue le panda ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 18 février 2021.

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