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Un accident nucléaire en France coûterait jusqu'à 5.800 milliards d'euros (rapport de l'IRSN)

Selon un rapport confidentiel de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), dévoilé par le Journal du dimanche, le coût d'un accident nucléaire majeur en France pourrait coûter jusqu'à 5.800 milliards d'euros. L'IRSN a réagi ce dimanche en faisant entendre que ces chiffes datent de 2007 et sont dépassés. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) réclame "un audit complémentaire et indépendant."
Article rédigé par Nicolas Richaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

"Il n'y a eu aucun lissage politique, aucune pression ",
clame dimanche dans les colonnes du JDD, Jacques Repussard, le directeur de l'Institut
de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Selon un rapport de son institut daté de 2007, et resté confidentiel jusqu'alors, le coût d'un accident majeur sur le
territoire français pourrait aller de 760 milliards d'euros pour un "cas de
base
" à 5.800 milliards dans le cas d'une situation particulièrement
catastrophique. L'équivalent de trois années de PIB (produit intérieur brut).

Dans ce scénario, cinq millions de personnes
devraient être évacuées, tandis que les répercussions économiques se feraient sentir sur une région de 850.000 km², abritant 90 millions de personnes au
total.

"De vieux chiffres rudimentaires "

Il y a trois semaines une autre étude, cette fois rendue publique par l'IRSN, évalue pourtant le coût d'un accident nucléaire, semblable à celui de
Fukushima qui s'est déroulé il y a deux ans jour pour jour, à près de 430
milliards d'euros.
Gêné aux entournures, l'économiste et auteur du rapport
Patrick Momal explique que ce chiffre correspondait à un "cas médian ".
Concernant les montants de 760 milliards et de 5.800 milliards d'euros, il
assure qu'il s'agit aujourd'hui de "vieux chiffres rudimentaires ".

Selon lui, ces montants avaient été trouvés
par l'utilisation d'un "code rudimentaire ne prévoyant qu'une seule météo, celle
prévalant au site de l'accident
". Il a également ajouté que la nouvelle
étude avait été réalisée avec un code plus élaboré.

"Audit complémentaire et indépendant "

"Tant que la France et l'Europe entière ne seront pas
sorties du nucléaire, le premier impératif est de ne pas se voiler la face, ni
mentir aux populations en ignorant les risques
", écrit dans un communiqué
Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Il
réclame également "qu'un audit complémentaire indépendant et pluraliste
soit réalisé au plus vite afin d'évaluer ces risques et les prévenir
".

De leur côté, les députés écologistes font savoir dans
un communiqué distinct qu'ils déposeront mardi une proposition de résolution à l'Assemblée
nationale. Celle-ci demandera notamment la transparence sur ce type d'étude ainsi
qu'un "complément des audits de sûreté des installations nucléaires
prenant en compte les risques sous-estimés sous les gouvernements
Sarkozy-Fillon"

Dans le sillage des informations révélées par le quotidien dominical, l'IRSN annonce qu'il va rendre public l'ensemble de ses travaux.

Avenir du nucléaire en France

La publication de ce rapport  tombe en plein débat sur la part du nucléaire que
doit conserver la France dans la production de son électricité. François
Hollande souhaite la réduire de 75% à 50 % d'ici 2025.

Selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France, 54 % des
Français souhaitent que l'on maintienne la part actuelle du nucléaire. La publication
de ces chiffres pourrait bien en faire changer d'avis certains.

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