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Tribune "Construisons ensemble la ville verte de demain !" : l'appel de la jeunesse aux maires de France, cinq ans après l'Accord de Paris sur le climat

Dans une tribune publiée par franceinfo vendredi, plusieurs associations et collectifs de jeunes expriment leur déception cinq ans après la COP21. "Aujourd’hui, la jeunesse se tourne vers les municipalités", écrivent les signataires qui demandent notamment la création de conseils de jeunes dans toutes les communes afin d'agir pour la protection de l'environnement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Lors d'une marche pour le climat à Nice le 21 novembre 2019. Photo d'illustration. (DYLAN MEIFFRET / MAXPPP)

Douze associations de jeunes interpellent les maires de France à l’occasion des cinq ans de l’accord de Paris, conclut le 12 décembre 2015. Dans une tribune publiée vendredi 11 décembre par franceinfo, elles les appelle notamment à créer des conseils de jeunes dans toutes les communes avec une approche inclusive, et à faire plus de place aux associations et collectifs de jeunes dans leurs mairies.

"Le 12 décembre 2015, 195 délégations ont conclu l’Accord de Paris autour d’un objectif commun : obtenir la Neutralité Carbone en 2050. Nous avons interpellé le Président de la République maintes fois pour rappeler les obligations issues de la COP21. Nous, collectifs de jeunesse, et tout l’écosystème associatif jeune engagé dans la défense du climat. Cinq ans après, déçus mais toujours pas résignés, nous venons frapper à une autre porte : celle de vos mairies", écrivent les signataires de la tribune.

Leur appel sera remis vendredi à midi à Anne Hidalgo, maire de Paris, ainsi qu’à la présidente de France urbaine, Johanna Rolland, et au président de l'Association des maires de France, François Baroin.


Oui, la jeunesse est déçue.
Oui, la jeunesse est inquiète.
Oui, la jeunesse est révoltée.
Ce n’est pas nouveau, mais ce n’est pas tout.

En 2015, nous avons, comme tout le monde, regardé les images : les dirigeants et les dirigeantes de la planète s’embrassent, posent côte à côte, sourient pour la photo, lèvent les bras vers le ciel, en signe de joie et de victoire. Cinq ans après, les faits sont là : la sixième extinction de masse, l’empoisonnement conscient et constant de nos eaux et de nos sols, la destruction de nos forêts, la pollution de notre air et de nos océans. Comprenez-bien que pour cet anniversaire mondial, nous n’avons pas tellement le cœur à célébrer.

Tout comme il y a cinq ans, les jeunes affirment que les gouvernements, les lois, les entreprises ne vont pas assez loin dans la préservation de notre futur. Que les mesures coercitives sont trop peu nombreuses ou trop facilement évitées. Que la société civile est constamment baladée, désavouée, entravée dans ses luttes. Dans les manifestations, les tribunes, les universités, les COP étudiantes, nous crions notre attachement au monde. Les jeunes hurlent leur cri d’amour pour la planète. Ce n’est pas nouveau, mais ce n’est pas tout.

Les mouvements de jeunesse dénoncent aussi un marché de l’emploi inégalitaire, un monde du travail abrutissant, un lien social rompu. Nous nous indignons devant les discriminations, la concurrence et la répression. Nous sommes las d’évoluer dans un monde où la violence est devenue ordinaire, banale. Quel rapport, nous diriez-vous ? Les violences faites à la planète frappent les populations les plus pauvres et les plus exclues. Nous avons fait part de ces constats aux dirigeants de notre pays, mais nos doléances sont empilées, quelque part, sur un bureau, au fond d’un couloir, dans un sous-sol. Ce n’est pas nouveau, mais ce n’est pas tout.

Aujourd’hui, pour l’anniversaire de la COP21, nous dénonçons aussi le youthwashing. La jeunesse s’est imposée comme tête de file spontanée de l’urgence climatique et pourtant, nous ne sommes toujours pas assis à la table.

Sous couverts de partenariats, d’une place ou deux dans les Conseils d'Administration, de quelques comités ou de jeunes élus, tout le monde fait comme si. Mais la voix des jeunes reste à la porte des institutions, sur le palier, à côté de nos pancartes et de nos bougies.

Les signataires de la tribune

Le gouvernement fait semblant d’écouter nos rêves, nos espoirs, nos coups de gueule, notre démocratie et notre monde de demain. De vert, ils n’ont que les numéros. Ils prétendent, ils récupèrent, ils tweetent. Leurs déclarations ont beau être brutes, elles ne sont pas pour autant sincères. Leurs débats sont grands, ils n’en sont pas moins creux. Ils refusent d’entendre le vivant. Ils refusent à l’environnement ses droits, ils refusent au vivant sa plainte. Nous faisons partie de ce vivant. Nous sommes le vivant qui se défend. Le gouvernement nous refuse l’accès par la grande porte et nous ne voulons plus rester dehors. Aujourd’hui, la jeunesse se tourne vers le local, vers la proximité, vers les municipalités. Les collectifs de jeunesse veulent construire avec vous, Mesdames et Messieurs, les maires de France, la ville verte de demain. Nous vous adressons nos propositions qui concernent les conseils des jeunes et le soutien aux associations de jeunesse.

L’article 55 de la loi de janvier 2017 relative à l’égalité et la citoyenneté invite les mairies à se doter d’un conseil des jeunes consultatif. Les conseils des jeunes sont encore trop peu nombreux et bien souvent restreints au seul rôle d’organe consultatif. Et si nous allions plus loin ?

À chaque ville son conseil des jeunes ! La création d’un conseil des jeunes est soumise aux délibérations du conseil municipal et beaucoup de mairies s’en passent. Toutes les mairies de France devraient accueillir un conseil des jeunes.
Ne laissons aucun jeune de côté ! Le volontariat est le mode de désignation le plus souvent privilégié pour les membres jeunes. Tous les quartiers de la ville ne sont pas représentés. Il faut mener de vraies campagnes de communication afin de sensibiliser les jeunes de tous les territoires de la commune à l’existence des conseils des jeunes. Il faut aménager les lieux et les horaires des conseils pour promouvoir la diversité et la représentativité.
Partageons les axes de travail ! Les conseils des jeunes sont souvent cantonnés aux sujets "jeunesse". Avec le soutien d’associations jeunesse expertes, les jeunes sont capables de se positionner sur la ville de demain mais aussi sur la précarité énergétique, les transports, le mal-logement, la promotion des petits commerces, l’utilisation des voiries, les espaces verts, les cantines des écoles primaires, l’intergénérationnalité.
Expérimentons ! Nous appelons de nos vœux la mise en place par des mairies avant-gardistes de conseils des jeunes ayant un rôle d’instruction, de prise de décision et de gestion, avec un budget propre, sur plusieurs sujets, avec le suivi et l’approbation du conseil municipal.

En France, environ 50% des conseillers municipaux ont plus de quarante ans. Créer un conseil des jeunes ne vise pas à diminuer la responsabilité des adultes mais à apprendre à travailler main dans la main.

Les signataires de la tribune

Pour ce qui est du soutien aux associations jeunesses, les collectifs de jeunes manquent souvent de ressources et ne peuvent pas s’offrir le loyer d’un local. Beaucoup de jeunes vivent chez leurs parents et ne peuvent pas non plus organiser des rencontres associatives dans un chez-eux qui n’est pas tout à fait le leur.
Mettons à disposition des salles de travail et de réunion pour accueillir et soutenir l’organisation de projets associatifs jeunesse à l’échelle locale.
Accompagnons la création de tiers-lieux et d’espaces de rencontres et d’échanges entre jeunes du monde associatif dans les villes et les villages.

En 2025, pour l’anniversaire des dix ans de la COP21, nous pourrions, pour une fois, partager le gâteau et souffler les bougies ensemble. Pour cela, la parole des jeunes doit être reconnue comme légitime, égale à celle de tous les acteurs de la vie politique.

Un monde plus écologique et inclusif est encore possible. Nous, qui sommes les dépositaires de ce monde que vous administrez, devons être entendus. Ce monde, nous y avons rêvé, nous l'avons imaginé. Maintenant, nous voulons y participer pleinement afin qu’ensemble nous dessinions enfin un monde (en) commun.

Maintenant, ça commence aujourd’hui.

Retrouvez ci-dessous la liste des signataires 

Avenir Climatique -  CliMates - E-graine - Engagé.e.s & Déterminé.e.s - Jeunesse Ouvrière Chrétienne Pour un réveil écologique - La Cité des Chances - Les Jeunes ambassadeurs pour le Climat - La FAGE - Le Forum Français de la Jeunesse - L’UNEF - Résilience France - Together For Earth.

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