Surpêche du thon rouge: la France accusée de laisser faire
Le gouvernement français aurait laissé les thoniers dépasser les quotas de pêche du thon rouge. C'est en tout cas l'une des conclusions tirée par une enquête publiée par l'International consortium for investigative journalists, un réseau mondial de journalistes d'investigation. Sept mois ont été nécessaire pour compléter cette enquête, publiée sur le site de l'organisation (en Anglais).
Les pêcheurs auraient sciemment dépassé les quotas pendant plusieurs années. Les autorités les auraient aidé en fermant les yeux sur certaines pratiques frauduleuses. Par exemple, la sous-estimation des prises, la location d'avions de reconnaissance pourtant illégaux ou encore des pêches au large de l'Afrique du Nord.
La France n'est pas seule mise en cause. Plusieurs autres pays comme l'Espagne ou l'Italie sont également sur le banc des accusés. Selon l'enquête, un vaste marché noir du thon se serait développé à la fin des années 1990, autour du Japon, principal pays consommateur. Chaque année, des dizaines de milliers de tonnes de thon seraient pêchées illégalement afin d'alimenter ce marché parallèle.
Les autorités de régulation comme l'Iccat (Commission internationale de conservation des thonidés de l'Atlantique) seraient impuissantes devant ce phénomène. "Nous avons découvert que le système avait échoué sur toute la ligne, explique Kate Willson, qui a participé à l'enquête, Les bateaux pratiquaient la sur-pêche et les responsables faisaient mine de l'ignorer depuis des années". Depuis 2008, les autorités ont mis en place des contrôles plus stricts. Selon les auteurs, ils ne garantissent pas le recul de la surpêche.
Cette enquête est publiée à dix jours du coup d'envoi de la conférence annuelle de l'Iccat. Du 17 au 27 novembre, les quotas de pêche seront discutés au sein de cette organisation inter-gouvernementale. La commissaire européenne à la Pêche, Maria Damakani a réclamé la réduction du quota de pêche mondial, fixé aujourd'hui à 13.500 tonnes par an. France, Italie, Espagne et Grèce font front commun contre cette proposition.
En Juin, Bruxelles avait interdit la pêche du thon rouge six jours avant le terme de la saison prévue. L'Union Européenne avait justifié cette décision par la chute des stocks. Le gouvernement avait soutenu les thoniers français, mécontents de la décision.
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