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Sommet pour un nouveau pacte financier : Catherine Colonna souhaite un "consensus pour créer un choc" face à la crise climatique et la pauvreté

L'objectif premier du sommet de Paris, qui s'ouvre jeudi, est "de recréer [une] confiance" entre les pays du Sud et les pays du Nord et "oublier les difficultés qui ont pu nous opposer", explique la ministre des Affaires étrangères à franceinfo.
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Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, interrogé par Franck Mathevon, le 22 juin 2023, sur franceinfo. (MARJORIE BIDAULT / FRANCEINFO)

Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, souhaite jeudi 22 juin sur franceinfo un "consensus pour créer un choc et une vraie transformation" du financement des pays en développement, alors que le sommet pour un "nouveau pacte financier", présidé par Emmanuel Macron, s'ouvre jeudi à Paris.

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"Il faut repenser le système financier international qui ne marche plus suffisamment pour assurer à la fois une capacité de développement et de lutte contre les inégalités et de lutter contre le changement climatique", explique Catherine Colonna. L'objectif premier du sommet de Paris est "de recréer cette confiance" entre les pays du Sud et les pays du Nord. Il faut "remettre tout le monde au travail ensemble" et "oublier les difficultés qui ont pu nous opposer", souligne la ministre.

franceinfo : Comment trouver ces sommes colossales pour lutter contre la pauvreté et le réchauffement climatique ?
Catherine Colonna : On vit un moment historique, très particulier qui peut être grave et donc il faut agir pour qu'il ne devienne pas plus grave encore. Pour la première fois depuis des décennies, les inégalités dans le monde s'accroissent fortement et la pauvreté s'accroît aussi. Des dizaines de millions de personnes sont plongées dans l'extrême pauvreté. Il faut donc repenser le système financier international qui ne marche plus suffisamment pour assurer à la fois une capacité de développement et de lutte contre ces inégalités, de lutter contre le changement climatique.

Quelle est l'ambition concrète ?
L'ambition à Paris est de dégager un nouveau consensus sur les principes et les priorités d'une réforme profonde du système financier international, en redisant de la solidarité, en aidant les pays en développement à accéder plus facilement aux financements internationaux, en avoir plus et plus rapidement.

"Il faut prendre en compte la situation particulière des pays qui sont à la fois très endettés et très vulnérables aux changements climatiques et qui ne doivent pas être mis devant ce choix impossible entre lutte contre la pauvreté, à leur développement ou aux conséquences qu'ils subissent du fait des chocs climatiques."

Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères

à franceinfo

ll faudra aussi faire travailler mieux ensemble le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. La désignation d'un nouveau président de la Banque mondiale, nettement plus sensible à ces questions que son prédécesseur va nous aider à créer ce consensus pour créer un choc et une vraie transformation.

Faut-il réformer ces deux institutions monétaires ?
Elles ont très grandement réussi leur mission, mais qui correspondait à l'époque où elles ont été mises sur pied. Aujourd'hui, il faut réformer et certains disent même les transformer. Il faut aller plus loin dans une conception différente de leur rôle qui, aujourd'hui, ne permet pas de répondre aux grands problèmes auxquels le monde est confronté, notamment la double problématique du développement et du changement climatique combinées.

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Que propose la France pour ce sommet ?
Pour ce qui nous concerne, nous continuons de tenir nos engagements climatiques pour contribuer à cette transition qui doit être accompagnée financièrement par les pays développés, à hauteur de 100 milliards de dollars par an. Nous faisons notre part, l'Union européenne fait sa part. Il faut appeler les autres à faire la leur. Il est possible d'utiliser un autre mécanisme qui est les droits de tirage spéciaux, les réserves du FMI. L'objectif a été fixé de 20 % de droits de tirage spéciaux. Il faut utiliser ces réserves en les augmentant pour, par priorité, permettre aux pays en développement d'en bénéficier. La France fait 30 %. Il serait bon d'appeler tous ceux qui n'ont pas encore atteint leur objectif de faire et de le faire rapidement.

Mais n'y a-t-il tout de même pas un problème de confiance entre les pays du Sud et les pays du Nord ?
Il y a un problème de confiance, et si nous laissions cette situation perdurer, la fragmentation du monde dont on voit qu'elle apporte beaucoup de dangers, évidemment aussi sur le plan géopolitique, serait sans doute encore plus problématique qu'elle ne l'est aujourd'hui. L'objectif premier du sommet de Paris, c'est de recréer cette confiance, de remettre tout le monde au travail ensemble, d'oublier les difficultés qui ont pu nous opposer parfois et de chercher des solutions communes. 

"Nous avons beaucoup plus à faire ensemble que nous le pensons et nous pouvons le faire. C'est un message de confiance qu'on veut faire partir de Paris aussi, avec un consensus que vous appellerez peut-être 'le consensus de Paris'."

Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères

à franceinfo

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