Ses habitants veulent faire de l'île de Sein un territoire 100% vert
L’île de Sein, petit bout de rocher posé au large de la pointe du Raz, abrite 120 personnes l’hiver. Ici, les ruelles sont étroites, conçues pour résister aux tempêtes. Depuis plusieurs mois, les Sénans se battent pour se passer du fioul nécessaire au fonctionnement des groupes électrogènes de l’île. Ils veulent les remplacer par des énergies renouvelables. Mais le combat est rude. EDF ne juge pas le projet sérieux.
Patrick Saultier est entrepreneur près de Rennes. Il a déjà monté un parc d’éoliennes en Ille-et-Vilaine, un des premiers parcs éoliens citoyens en France. Il ne connaissait pas l’île de Sein il y a encore trois ans. "Un jour j’ai lu un article où le premier adjoint de l’île expliquait qu’il voulait mettre du renouvelable avec la participation de la population ", explique cet ingénieur. "J’ai regardé ce que l’on pouvait faire parce que depuis 20 ans EDF ne voulait pas. On a regardé ce qui se faisait ailleurs dans le monde, notamment au Danemark. On a fini par monter l’association IDSE avec une très grosse participation des habitants de l’île ", poursuit-il.
"Aujourd’hui, on dépense énormément d’argent pour acheter du fioul qui vient de très loin. Alors que si on mettait du renouvelable ça pourrait coûter moins cher" , assure encore Patrick Saultier
Ici, ce sont les groupes électrogènes qui fonctionnent au fioul qui alimentent l’île en électricité. Les moteurs ont été installés à l’extrême Ouest de l’île, au pied du phare. Tous les ans, les moteurs brûlent 420.000 litres de fioul, ce qui porte le prix du KWh produit à 45 centimes, huit fois plus que son prix de vente, fixé réglementairement à 5 centimes. "Le reste, qui représente 450.000 euros par an, est financé par l’ensemble des Français sur leur facture d’électricité pour que les Sénans aient de l’électricité au même prix qu’ailleurs ", raconte Patrick Saultier. "Plutôt que d’utiliser cet argent pour acheter du fioul, on pourrait l’utiliser pour faire de l’énergie renouvelable, produite sur place ", poursuit-il.
Seule commune de France à pratiquer le dessalement de l’eau de mer
"Ici à Sein, c’est un terrain idéal pour expérimenter des énergies renouvelables ", renchérit Serge Coatmeur. C’est le gardien du phare. "C’est comme sur un bateau. On sait produite de l’électricité, du chaud, du froid pour 3000 personnes par exemple et là ce n’est pas EDF qui intervient, c’est le chef mécano. C’est une évidence et du bon sens ", selon lui. A l’île de Sein, on est habitué à préserver l’environnement. Depuis 2003, c’est la seule commune de France à pratiquer le dessalement de l’eau de mer. Des citernes sont également installées chez les particuliers.
Il y a quelques jours le Sénat a voté l’amendement cassant le monopole d’ERDF pour les zones non-interconnectées. Interrogée sur le projet de l’île de Sein, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal a indiqué : "On va regarder ". Elle a laissé entendre qu'elle se pencherait sur le rêve de ces insulaires de faire de leur rocher une vitrine de la transition énergétique en France, tout comme le sont devenues trois autres îles de taille similaire en Europe : El Hierro, en Espagne, au large des côtes du Maroc, Eigg planté au large des côtes écossaises, et Samso, île danoise de 4.000 habitants.
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