Reportage En Alaska, les habitants soutiennent Willow, un projet de forage qui menace l'environnement : "On a besoin de l'industrie pétrolière pour maintenir notre mode de vie"

Le projet pétrolier Willow, validé par l'administration Biden, scandalise les associations environnementales. Mais sur place, dans le nord de l’Alaska, tout le monde ou presque y est favorable.
Article rédigé par Sébastien Paour
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une partie de la pipeline Trans Alaska, qui sera reliée au projet Willow. (MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Nom de code : Willow. Ce projet de forage pétrolier en Alaska, acté sous Donald Trump, aurait coûté 5 milliards de dollars d’amende au pays s’il avait été abandonné. Alors, malgré ses promesses de campagne, Joe Biden a donné son feu vert en mars dernier. Un scandale pour les associations de défense de l’environnement, alors que la COP28 vise justement à sortir progressivement des énergies fossiles. Et alors que l'Alaska se réchauffe deux fois plus vite que les autres Etats américains.

Au nord-ouest de l'Alaska, là où va s'installer le projet Willow, vit le peuple autochtone Iñupiat. Utqiagvik, 5 000 habitants, est surnommée "Top of the World" par ses habitants : des pick-up et des bidons rouillés entre des maisons posées face à l'océan Arctique. Mike Donovan est à la fois vendeur de motoneiges et président de l'Association des pêcheurs de baleines de Barrow, l'ancien nom d'Utqiagvik. "Je dirais qu'environ 40 à 50% de notre population est dans l'industrie pétrolière, peut-être même plus, explique-t-il. Beaucoup de gens n'aiment pas ça, mais nous avons besoin de l'industrie pétrolière pour maintenir notre mode de vie."

Une perturbation pour les migrations

Willow sera le plus grand projet pétrolier du pays : 8 milliards de dollars, 600 millions de barils de pétrole brut produits sur 30 ans, plus de 9 millions de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone par an, mais surtout 2 500 emplois et 17 milliards de dollars de recettes pour le gouvernement fédéral. "Les taxes des compagnies pétrolières financent nos écoles, notre système de santé, notre logement, notre système de travaux publics", explique Doreen Leavitt, la directrice des ressources naturelles de la communauté Iñupiat de tout le nord de l'Alaska.

"Nous avons l'eau courante et la chasse d'eau dans les toilettes depuis seulement 50 ans. Ce n'est pas si vieux et ce sont les taxes sur le pétrole qui ont permis ça."

Doreen Leavitt, directrice des ressources naturelles de la communauté Iñupiat

à franceinfo

Une pétition contre Willow a rassemblé plus de 3,5 millions de signatures dans le pays. Mais les opposants locaux au projet sont peu nombreux à s'exprimer, à part Rosemary Ahtuangaruak, la maire de Nuiqsut, le village le plus proche du site. Elle estime que le forage du groupe pétrolier ConocoPhillips, qui a refusé de nous répondre, va notamment modifier les migrations de caribous, chassés par ses administrés. "Nous mangeons beaucoup d'aliments pour leur teneur élevée en matières grasses, développe-t-elle. Quand il fait −40 degrés, un froid extrême, et que je dois travailler des heures dehors, j'ai besoin de ma viande de baleine et de ma graisse de caribou."

Seule consolation pour elle : l'interdiction de toute nouvelle exploitation de gaz ou de pétrole, annoncée en septembre par l'administration Biden. Une interdiction qui concerne une zone grande comme le Danemark, au nord de l'Alaska. 

En Alaska, les habitants soutiennent un projet de forage, même s'il menace l'environnement. Le reportage de Sébastien Paour

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