Quatre infographies pour comprendre l'hécatombe d'animaux sauvages depuis quarante ans
Le nombre de spécimens d'animaux a baissé de plus de moitié entre 1970 et 2010, selon le rapport Planète vivante 2014 de l'association WWF.
Le constat est édifiant. En quarante ans, plus de la moitié de la population d'animaux sauvages de la Terre a disparu, essentiellement sous l'action de l'homme, selon le rapport Planète vivante 2014 du Fonds mondial pour la nature (WWF), rendu public mardi 30 septembre.
Pour mesurer ce déclin, le WWF utilise l'indice Planète vivante (IPV), qui mesure l'évolution de 10 380 populations de 3 038 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons. Concrètement, entre 1970 et 2010, l'indice a chuté de 52%. "Autrement dit, en moins de deux générations, la taille des populations des espèces sauvages a fondu de moitié", écrit l'ONG. Et cela ne fait qu'empirer. "Cette tendance lourde ne donne aucun signe de ralentissement", estiment les auteurs de la 10e édition du rapport. Francetv info revient sur cet état des lieux avec quatre infographies.
Les populations d'eau douce déclinent plus rapidement
Le nombre d'animaux ne baisse pas à la même vitesse selon qu'ils sont terrestres, marins ou d'eau douce.
A l'échelle globale, la baisse constatée de 52% est nettement plus forte que celle annoncée dans les rapports précédents car le mode de calcul a changé entre-temps. Le WWF précise que l'IPV est désormais plus représentatif de la répartition mondiale des espèces de vertébrés. En 2012, dans son dernier rapport, l'ONG faisait état d'une baisse de 28% des espèces sauvages entre 1970 et 2008. A l'époque, l'indice ne prenait en compte que 2 699 espèces.
Les activités humaines sont les principales menaces
Les animaux sauvages disparaissent principalement à cause de l'exploitation des ressources naturelles par la chasse et la pêche (que cela soit intentionnel - à des fins alimentaires et sportives - ou accidentel - comme les prises accessoires). Ensuite, vient la perte ou de la dégradation de leur habitat. En cause : l'agriculture, l'urbanisation, la déforestation, l'irrigation ou encore les barrages hydroélectriques.
Les régions tropicales sont frappées de plein fouet
L'ensemble de la planète est touché par cette baisse du nombre d'animaux, mais les zones les plus affectées se trouvent sous les tropiques et dans l'océan Austral. Ainsi, les premières régions touchées sont l'Amérique latine (-83%), suivie de près par la région Indo-Pacifique (-67%). Pour les espèces terrestres et d'eau douce, le WWF a défini "cinq grands domaines biogéographiques". Dans le détail, et selon les régions, certaines espèces déclinent alors que d'autres sont stabilisées, voire en croissance.
Par exemple, de nombreux poissons et animaux de rivage ont disparu du Coorong, dans le sud de l'Australie, à cause de la hausse de la salinité provoquée par le prélèvement de l'eau pour l'irrigation des cultures.
Les zones protégées n'arrêtent pas le braconnage
Dans le monde, il existe quelque 128 500 aires protégées terrestres. Elles sont officiellement reconnues par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Le WWF relève que dans ces zones, la diminution des populations animales terrestres avance deux fois moins vite que dans le reste du monde. Le déclin enregistré entre 1970 et 2010 n'y est que de 18% alors qu'il s'élève à 39% pour l'ensemble de la planète.
Mais il existe des disparités. Au Népal, la population de tigres, répartie entre cinq aires protégées et trois "corridors", a vu son effectif augmenter de 63% entre 2009 et 2013. Aux frontières de la République démocratique du Congo, du Rwanda et de l'Ouganda, les gorilles des montagnes aussi s'en sortent bien. Grâce à "un réseau transfrontalier d'aires protégées, et le développement d'un tourisme responsable axé sur les gorilles" au début des années 1990, leur population a augmenté de 30% ces trente dernières années. C'est la seule espèce de grands singes qui voit ses effectifs croître.
En revanche, de nombreuses populations de rhinocéros "sont désormais éteintes ou en déclin à l'échelle régionale" alors même qu'elles vivent en majorité dans des zones protégées, entre Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe et Kenya. Le rhinocéros noir est en danger critique : il en reste aujourd'hui moins de 5 000. De son côté, le rhinocéros blanc est une espèce quasi-menacée, avec environ 20 000 spécimens.
Le braconnage de rhinocéros est intensif. Il a augmenté d'au moins 3 000% depuis 2007, relève le WWF. La poudre de corne de cet animal est prisée dans toute l'Asie du Sud-Est pour ses prétendues vertus curatives, par exemple contre le cancer ou la gueule de bois. Les éléphants aussi sont de grandes victimes du braconnage. "Le trafic de l'ivoire a doublé depuis 2007, et plus que triplé depuis 1998", relevait Le Monde en 2013. Selon les experts, les éléphants d'Afrique risquent de disparaître d'ici dix ans si la situation continue d'évoluer à ce rythme. Des progrès restent à faire car, pour l'instant, moins de 20% des éléphants vivent sous protection légale. Mais, comme le montre le cas des rhinocéros, rien n'indique que le changement de statut de leur zone d'habitat puisse les protéger efficacement.
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