Qualité de l'air : "La France ne fait pas respecter ses propres lois" sur les normes de pollution
Olivier Blond, président de l’association Respire, a réagi, jeudi sur franceinfo, au renvoi devant la Cour européenne de justice de six États membres dont la France, pour manquement à leurs obligations en matière de qualité de l'air.
La Commission européenne a décidé, jeudi 17 mai, de renvoyer six États membres, dont la France et l'Allemagne, devant la Cour de justice de l'UE pour avoir manqué à leurs obligations en matière de qualité de l'air. La France était depuis des années sous le coup d'une procédure d'infraction. Bruxelles a, cette fois, mis sa menace à exécution. "C'est paradoxal qu'il y ait en France des zones de non-droit écologiques", a réagi, sur franceinfo, Olivier Blond, président de l’association Respire (Association nationale pour la prévention et l'amélioration de la qualité de l'air). Il fait remarquer que "la France a posé des lois avec des normes de pollution, et elle ne fait pas respecter ses propres lois" sur ses territoires.
franceinfo : La pollution de l'air tue 48 000 personnes chaque année en France. Pourquoi notre pays est-il si mauvais élève ?
Olivier Blond : C'est ce que montrent les actions juridiques qui ont lieu actuellement. L'État est le maillon faible de l'action contre la pollution. Les mairies s'emparent du sujet, certaines parties de la Commission européenne s'emparent du sujet, mais l'État ne fait rien. Pourtant l'État a beaucoup de pouvoir et les solutions existent. Si on fait le parallèle avec les accidents de la route, il y a eu des grands plans nationaux de sécurité routière. Ils ont réussi à diviser par cinq la mortalité sur les routes en quelques décennies. Pourquoi on n'en fait pas autant avec la pollution de l'air qui tue dix fois plus ? C'est la mission de l'État que de protéger les citoyens.
Est-ce que c'est juste une question de normes ?
C'est paradoxal qu'il y ait en France des zones de non-droit écologiques. La France a posé des lois avec des normes de pollution et elle ne fait pas respecter ses propres lois sur des territoires qui sont les grandes villes du pays. C'est bien que la Commission européenne nous alerte. Après, ce n'est pas qu'une question de loi. C'est une question de pratiques, c'est une question de fraudes dans l'industrie automobile, c'est une question de responsabilités des citoyens, car chacun est individuellement responsable. Quand il y a des restrictions de circulation, il faut les respecter. Mais l'important c'est d'agir, car il y a des vies qui sont en jeu.
Parmi les solutions, il y a le plan de lutte contre la pollution de l'air dans les régions. Pourquoi Bruxelles n'est pas convaincu par ce plan ?
C'est une supercherie. Ce plan proposé par le gouvernement, c'est simplement récupérer les plans régionaux. Le problème, c'est qu'il faut une réponse à l'échelon national. Comment l'État peut se dédouaner de ses responsabilités en disant : on va récupérer ce que font les régions ? Ce n'est pas sérieux. En Île-de-France, il était entendu que le PPA [Plan de protection de l'atmosphère] ne suffirait pas à atteindre les objectifs légaux, à réduire la pollution aux seuils autorisés dans les délais impartis.
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