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Près de 200 pays rassemblés à Cancun ont adopté samedi le texte de compromis du Mexique

Ce texte, qui décline une série de mécanismes pour lutter contre le changement climatique, dont un Fonds vert pour aider les pays en développement, se veut le meilleur compromis sur les dossiers discutés depuis 12 jours dans la station balnéaire mexicaine.En revanche, les négociations sur l'avenir du protocole de Kyoto sont repoussées à 2011.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le texte de Copenhague prévoit de limiter le réchauffement à 2 degrés, mais sans calendrier (AFP PHOTO / BRITISH ANTARCTIC SURVEY / HO / JIM ELLIOTT)

Ce texte, qui décline une série de mécanismes pour lutter contre le changement climatique, dont un Fonds vert pour aider les pays en développement, se veut le meilleur compromis sur les dossiers discutés depuis 12 jours dans la station balnéaire mexicaine.

En revanche, les négociations sur l'avenir du protocole de Kyoto sont repoussées à 2011.

L'objectif de ce rendez-vous mexicain - aux ambitions modestes - était d'abord de redonner souffle au processus de négociation onusien, fortement ébranlé par l'immense déception née du sommet de Copenhague. Mission accomplie, selon les délégations réunies en plénière pour adopter le texte.

Un accord à minima salué comme "un pas en avant"
Avec cet accord, "on sauve de la faillite le système multilatéral de négociations sur le changement climatique", a déclaré la ministre française de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. Le texte adopté à l'issue de 12 journées de négociations intenses et parfois tendues, "ouvre une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le climat", a assuré la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui présidait les débats.

Quelques heures plus tôt, le texte de compromis mis sur la table par le Mexique avait reçu, au cours d'une séance plénière chargée d'émotion, le soutien très appuyé de l'écrasante majorité des 194 pays de la convention de l'ONU sur le climat. Ce texte "ne va pas évidemment pas résoudre la question du changement climatique, mais je pense que c'est un véritable pas en avant", a estimé le principal négociateur américain, Todd Stern.

Des objectifs plus précis...
La principale vertu du texte, adopté en dépit de l'opposition de la Bolivie, est d'inscrire dans le marbre de nombreux points de l'accord politique de Copenhague, qui n'a jamais été adopté par la convention de l'ONU. Et surtout de le décliner de façon plus précise.

C'est en particulier le cas de l'objectif de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels. "Les parties doivent agir de manière urgente pour atteindre cet objectif à long terme", indique l'accord adopté.

...mais toujours pas d'accord contraignant sur le climat
Le texte permet aussi de désamorcer, au moins temporairement, la "bombe" de l'avenir du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant sur le climat existant à ce jour qui menaçait l'issue des discussions à Cancun. Un sujet qui ressurgira forcément lors du prochain grand-rendez vous climat fin 2011 à Durban (Afrique du Sud).

Création d'un Fonds Vert
Les pays développés ont promis à Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Le Fonds vert, qui verra transiter une partie importante de ces fonds, aura un conseil d'administration avec représentation équitable entre pays développés et en développement. Le texte de Cancun prévoit que la Banque mondiale servira d'administrateur intérimaire durant trois ans.

Les nombreuses interrogations sur la façon dont ce fond sera alimenté restent cependant sans réponse. Un panel mis en place par l'ONU a suggéré la mise en place de financements alternatifs, comme des taxes sur les transports et les transactions financières.

Adoption d'un mécanisme contre la déforestation
Le texte adopté à Cancun pose aussi les bases d'un mécanisme visant réduire à l'origine d'environ 15% à 20% des émissions globales de gaz à effet de serre (GES).
L'idée: donner un prix aux arbres pour cesser de les couper, et ainsi en finir avec l'une des activités les plus néfastes pour le climat.
L' objectif: amener les pays qui abritent de précieuses forêts tropicales, comme le Brésil, l'Indonésie ou les pays du bassin du Congo, à éviter de les couper ou à les gérer de manière durable, en leur versant des compensations financières.
Principal hic: la question du financement. Pour l'heure, il n'est surtout question que de préparer le terrain dans ces pays: photos satellites des forêts, adoption de lois... Mais, à terme, ce mécanisme coûtera des dizaines de milliards par an. Qui paiera ? Le "Fonds vert" créé à Cancun ? Le marché du carbone ?

Réactions
L'accord sur le climat conclu à Cancun par près de 200 pays est "un pas important" vers un cadre global et légalement contraignant de lutte contre le réchauffement climatique, a estimé samedi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Les Etats-Unis ont affiché samedi une satisfaction mesurée. "Je crois que c'est une chose positive de voir un accord mondial, incluant toutes les grandes économies", a commenté Todd Stern, représentant américain au sommet. Il a toutefois précisé que l'accord de Cancun ne devrait pas se traduire immédiatement par le vote d'une loi aux Etats-Unis, pays qui n'a pas ratifié le protocole de Kyoto limitant les émissions de CO2 des pays développés jusqu'en 2012.

Europe Ecologie-Les Verts s'est félicité samedi du retour de la "confiance dans le multilatéralisme" à l'issue du sommet de Cancun , même si "le climat n'a pas été sauvé" lors du sommet.

Le parti socialiste français a estimé samedi que "le monde reste sur sa faim" à l'issue du sommet de Cancun, jugeant l'"accord a minima décevant", même si la "méthode multilatérale est sauvée".

Le porte-parole du Modem,Yann Wehrling, a estimé samedi que le "pire a été évité" à Cancun, soulignant qu'"un sentiment demeure: si les actes manquent, la volonté reste intacte".

La fédération écologiste France Nature Environnement a applaudi samedi le texte adopté à Cancun (Mexique) pour lutter contre le changement climatique, saluant notamment "des avancées sur la forêt".

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