Planification écologique d'Emmanuel Macron : "Ce qu'il nous faut, c'est une métamorphose de notre économie et le plan n'en parle pas", déplore une scientifique du GIEC
"On fait des petites mesures à droite et à gauche", a estimé mardi 26 septembre sur franceinfo Yamina Saheb, chercheuse à l’OFCE et co-autrice du dernier rapport du Giec, après la présentation lundi 25 septembre par Emmanuel Macron des grands axes de la planification écologique de la France. "Ce qu'il nous faut, c'est une métamorphose de notre économie et le plan n'en parle pas", a-t-elle déploré en regrettant l'utilisation par le chef de l'État du terme "transition" qui sous-entend selon elle "qu'on garde le même système".
Yamina Saheb salue toutefois l'utilisation du mot "sobriété" : "C'est très bien que le président de la République parle de sobriété. Nous sommes le seul pays de l'OCDE, le seul pays de l'Union européenne, où nous avons la plus haute autorité de l'État qui parle de sobriété. La sobriété n'existe dans aucun instrument de l'Union européenne, alors que ça existe dans la loi française sur la transition depuis 2015."
Un million de pompes à chaleur pour "30 millions de résidences principales"
La "sobriété mesurée" voulue par le chef de l'État est en revanche un concept "qu'il faudra qu'il nous définisse". De son côté, elle plaide pour une "sobriété transformatrice", c'est-à-dire "une sobriété structurelle, qui va demander de grandes transformations, de gros efforts d'investissements, de véritables politiques publiques".
Parmi les mesures annoncées par Emmanuel Macron, l'objectif de produire un million de pompes à chaleur par an d'ici 2027 "n'est pas la solution miracle", estime la scientifique, "il faut rénover les bâtiments, ça veut dire isoler les bâtiments et les rénover au niveau de performance 'bâtiment basse consommation'".
Cet été, le gouvernement avait annoncé que le budget de MaPrimeRénov' doit justement passer à 4 milliards d'euros l'an prochain, mais ce n'est pas qu'une question de montant selon Yamina Saheb : "Ajouter de l'investissement pour faire de la mauvaise rénovation, c'est gaspiller de l'argent public. Et parler juste de la pompe à chaleur sans rien dire sur le niveau de performance énergétique globale des bâtiments, ça ne sert pas à grand chose". La scientifique estime que cette annonce manque d'ambition, car lorsqu'Emmanuel Macron "dit à la fin du quinquennat, on aura produit et on va faire l'hypothèse qu'on aura installé 1 million de pompes à chaleur en France. Il faut savoir que nous avons un peu plus de 30 millions de résidences principales. Si on installe 1 million par quinquennat, je vous laisse faire le calcul".
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