Des métabolites de pesticides dans l'eau du robinet un peu partout en France... Si le principe de précaution avait été strictement respecté, elle aurait dû être interdite à la consommation pour près de 10 millions de Français. Et ce sont les estimations de la Direction générale de la santé elle-même...Dans de nombreuses régions, les analyses d'eau révèlent la présence de ces métabolites, produits de la dégradation des pesticides infiltrés dans les sous-sols, au-delà d'une limite dite "de qualité", fixée à 0,1 microgramme par litre. Les risques pour la santé sont mal connus, et les autorités sanitaires peinent à fixer des seuils cohérents. Suivant les régions, plus ou moins protectrices, les disparités sont énormes.Une nouvelle limite fixée à 3 microgramme par litreDans les Hauts-de-France, la région "championne" des dépassements, presque la moitié des réseaux de distribution d'eau ont ainsi été concernés en 2021, selon les calculs de l’équipe de "Complément d’enquête", qui a constitué sa propre base de données à partir des centaines de milliers de résultats d’analyse d’eau en France. Dans l'Aisne, la commune de Merlieux-et-Fouquerolles détenait le record, avec des taux de chloridazone desphényl (dérivé d'un herbicide utilisé dans la culture de la betterave) quantifiés à... 12,46 microgramme par litre.Pour tenter de fixer un cadre clair et guider les Agences régionales de santé en cas de dépassement, une nouvelle instruction a été publiée en juin 2022. Elle fixe à 3 microgramme par litre la limite au-delà de laquelle la consommation de l'eau du robinet peut être interdite. Mais même ces nouvelles recommandations ne semblent pas toujours appliquées, comme l'a constaté "Complément d'enquête". Dans les Hauts-de-France, 13 535 habitants peuvent toujours boire une eau non conformeA Merlieux-et-Fouquerolles, des analyses ont été réalisées en juillet. Le chloridazone desphényl a été mesuré à 8,34 et à 8,62 microgramme par litre. Pour autant, la préfecture, seule compétente en ce domaine, n'a pas pris la décision d'interdire l'eau à la consommation. A la mairie, on gère la crise comme on peut, reconnaît la conseillère municipale chargée de ce dossier : "On déconseille aux habitants de la boire, en attendant les analyses supplémentaires qui ont été demandées par la préfecture et l'ARS, tous les quinze jours pendant trois mois". Si l'on en croit les poubelles qui débordent de bouteilles en plastique, les habitants appliquent d'eux-mêmes le principe de précaution...Extrait de "L'eau du robinet est-elle (vraiment) potable ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 22 septembre 2022.> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".