Le Syndicat national d'apiculture voit dans l'interdiction de trois néonicotinoïdes dangereux pour les abeilles "une victoire essentielle"
La décision de l'Union européenne, vendredi, qui s'appuie sur des évaluations négatives de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) est une "immense satisfaction" pour Franck Aletru et le Syndicat national d'apiculture.
"Depuis 20 ans, nous nous battons pour alerter tous les hommes politiques, les responsables." Dans ce contexte, l'interdiction quasi-totale de trois néonicotinoïdes dangereux pour les abeilles, prononcée vendredi par l'Union européenne, ne peut que réjouir Franck Aletru. Le président du Syndicat national d'apiculture, invité de franceinfo, a aussi expliqué qu'il existe encore des substances nocives.
La décision de l'UE permet qu'à l'avenir, l'usage de la clothianidine, de l'imidaclopride et du thiaméthoxame sera seulement autorisé en serre, à condition que graines et plantes ne quittent pas leur abri fermé. Ces trois substances, qui s'en prennent au système nerveux des insectes, étaient déjà soumises à des restrictions d'usage dans l'Union.
franceinfo : Comment accueillez-vous le vote de l’Union européenne ?
Franck Aletru : C’est une très grande, une immense satisfaction pour nous, même si ça ne représente qu’une partie des matières actives tueuses d’abeilles et des polinisateurs en règle générale. Depuis 20 ans, nous nous battons pour alerter tous les hommes politiques, les responsables, avec l’aide de scientifiques courageux, car il a fallu avoir de nombreux renforts scientifiques pour arriver à remporter cette victoire essentielle.
Cette interdiction va s’appliquer à toutes les cultures en plein champ, sauf pour les usages en serre. À condition, dit l’Union européenne, que les graines et les plants restent en abri fermé. Est-ce que vous approuvez cette exception ?
On a bien du mal à l'accepter. Les serres s’ouvrent et les insectes polinisateurs peuvent pénétrer à l’intérieur. C’est encore la porte ouverte à la dissémination de produits toxiques vis-à-vis des polinisateurs qui vont pénétrer dans cet espace. Soit c’est réellement toxique, soit ça ne l’est pas. On vient de confirmer que c’était toxique, pourquoi l’autorise-t-on ? Il y a des alternatives, il faut qu’elles soient mises en œuvre.
À quelles substances faut-il désormais s’attaquer ?
Vous avez d’autres familles de produits, comme les fongicides qui sont de terribles perturbateurs endocriniens. Bien évidemment, il faut arriver à conclure ce dossier du glyphosate une fois pour toutes. C’est une véritable guerre de tranchées, on avance mètre par mètre. Ça se fera sur plusieurs générations, mais ce modèle, plus personne n’en veut. On sent que c’est fini, je crois qu’on va gagner.
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