Glyphosate : comment Monsanto s'arrange pour que des chercheurs avalisent ses produits
La firme, pointée du doigt concernant les ravages supposés du glyphosate, s'est arrangée pour avoir dans son camp des scientifiques, qui reprennent allégrement les documents fournis par Monsanto dans leurs rapports.
Dewayne Johnson a signé à ce jour la plus retentissante victoire judiciaire contre Monsanto. Jardinier californien, l'homme a obtenu 250 millions de dollars de dommages et intérêts en justice et une condamnation du glyphosate. L'herbicide commercialisé par Monsanto (racheté par Bayer depuis), est jugé responsable du cancer dont est atteint Dewayne Johnson. Ce dernier en aspergeait parfois jusqu'à 500 litres par jour en haute saison, sans savoir les effets que le glyphosate aurait sur lui. Face aux caméras d'Envoyé Spécial, il témoigne de sa douleur, et montre les ravages du lymphome sur son corps. "C'est comme une brulure au deuxième ou au troisième degré", explique-t-il.
Au début de sa maladie, le service client de Monsanto lui assure que le produit qu'il pulvérise n'y est pour rien. La firme est d'ailleurs passée maîtresse dans l'art de défendre ses produits à base de glyphosate. Et pour ce faire, elle est même allée jusqu'à convaincre certains des chercheurs les plus influents de la planète de se compromettre en défendant le glyphosate, leur parole donnant une légitimité aux pesticides en question. Parmi eux, Henry Miller, influent biologiste américain de l'université de Stanford (Californie).
85% de l'argumentaire de Monsanto a été repris
En 2015, le CIRC, une agence des Nations unies, décide de classer le glyphosate comme cancérogène probable. Un employé de Monsanto, Eric Sachs, décide alors d'organiser une contre-attaque et contacte Henry Miller. Dans des mails dévoilés par la presse, il demande au biologiste s'il veut écrire sur les méthodes du CIRC, et lui propose de lui transmettre des éléments afin d'étayer son article. Henry Miller accepte s'il a "un brouillon de haute qualité", et Eric Sachs envoie alors un "brouillon". Un document dont Henry Miller s'inspirera grandement afin de publier un article sur le site de l'influent magazine Forbes le 23 mars 2015. Après comparaison, l'article du chercheur que Forbes a retiré de son site reprend 85% du contenu du "brouillon" de Monsanto. L’enquête complète sur le glyphosate sera à retrouver dans Envoyé Spécial, jeudi 17 janvier à 21h sur France 2.
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