Montebourg rallume les passions sur le gaz de schiste
FRANCE - Le faible coût de cette énergie séduirait le ministre, à l'heure où le gouvernement a été contraint de reculer sur le gel du prix du gaz. Les écologistes montent au créneau.
C'est une toute petite phrase, qui aurait pu passer inaperçue. Dans un article du Monde daté du jeudi 12 juillet (lien abonnés), consacré à la mission gouvernementale d'Arnaud Montebourg, on apprend que pour le ministre du Redressement productif, "la question de l'exploitation des gaz de schiste doit (…) être posée".
Les Echos vont dans le même sens, et ajoutent que le faible coût de cette énergie constituerait un atout qui séduirait particulièrement le ministre, à l'heure où le gouvernement a été contraint de revenir sur le gel des prix du gaz.
Il n'en fallait pas davantage pour faire bondir Jean-Vincent Placé. Le président du groupe écologiste au Sénat a déclaré sur Europe 1 qu'Arnaud Montebourg faisait "totalement fausse route sur ce dossier". "En termes stratégiques, industriels, environnementaux, c'est une lourde erreur", a-t-il jugé.
La question de l'exploitation de ce gaz pourrait-elle troubler les relations entre écologistes et socialistes ? FTVi revient sur ce que les alliés du PS reprochent à l'exploitation du gaz de schiste.
• D'abord de ne satisfaire que des besoins à court terme. "Au lieu de courir après les dernières ressources, il faudrait plutôt préparer l'après pétrole", estime ainsi Jean-Vincent Placé. Les réserves de gaz de schiste sont certes conséquentes (l'association France Nature Environnement indique qu'elles seraient quatre fois supérieures à celle de gaz conventionnel), elles n'en restent pas moins épuisables. Dans son projet publié avant les élections législatives, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) préconisait plutôt de se tourner vers des énergies renouvelables, comme la biomasse ou la géothermie.
• Ensuite, et surtout, d'être polluante. "Les gaz de schiste ont un coût environnemental catastrophique et des coûts de transport énormes", ajoute le sénateur écologiste. La fracturation hydraulique, seule méthode utilisée à ce jour pour extraire cette ressource, est en effet particulièrement mise en cause. Une étude publiée lundi 9 juillet aux Etats-Unis et reprise par Le Monde accuse ainsi cette technique de polluer les sources d'eau potable proches des gisements de gaz. En outre, il serait impossible d'empêcher totalement le méthane, gaz qui contribue grandement à l'effet de serre, de s'échapper des puits lors de l'extraction, comme le rapporte Canoe.ca.
• Enfin, ils croyaient le problème réglé. La France est devenue en juin 2011 le premier pays au monde à légiférer sur ce sujet. Le fond du problème avait fait débat à l'Assemblée, mais les députés de tous bords politiques s'étaient mis d'accord pour interdire la méthode de fracturation hydraulique. Et, comme le souligne Jean-Vincent Placé, Arnaud Montebourg faisait d'ailleurs partie des opposants à l'exploitation de ce gaz. Alors candidat à la primaire socialiste, il dénonçait sur son site de campagne une "fausse bonne idée", qui comportait des "risques écologiques démesurés".
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