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Le gouvernement a-t-il renoncé à dissoudre les Soulèvements de la Terre ?

Dans le viseur du ministre de l'Intérieur après les violences lors d'une manifestation contre la "méga-bassine" de Sainte-Soline, fin mars, le mouvement écologiste devait être dissous mi-avril. Mais, à ce stade, "aucune décision n'est prise", explique Matignon.
Article rédigé par Thomas Baïetto, Clément Parrot
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une banderole de soutien aux Soulèvements de la Terre, le 19 avril 2023 à Paris. (FIORA GARENZI / HANS LUCAS / AFP)

La dissolution aura-t-elle lieu ? Le 28 mars, le ministre de l'Intérieur annonçait son intention de dissoudre les Soulèvements de la Terre, l'un des mouvements écologistes à l'origine de la manifestation contre la "méga-bassine" de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), marquée par des violences entre gendarmes et manifestants. Le ministre qualifiait le collectif de "groupuscule" et l'accusait d'"envahissements d'entreprises", d'"exactions fortes contre les forces de l'ordre" et d'"appels à l'insurrection". Un mois plus tard, quatre Conseils des ministres se sont tenus et la procédure engagée par Gérald Darmanin, qui devait pourtant être effective mi-avril, comme il l'expliquait au JDD (article payant), n'est toujours pas mise à exécution, jeudi 27 avril.

Contacté par franceinfo, le ministère de l'Intérieur renvoie vers les services de la Première ministre. "La dissolution d'une association ou d'un groupement de fait est une décision lourde, elle est strictement encadrée juridiquement. A ce stade, aucune décision n'est prise", répond Matignon, sans plus d'explications.

L'avocate des Soulèvements de la Terre envisage deux hypothèses. "La première, c'est qu'ils cherchent encore des éléments pour justifier une dissolution qui, en l'état, est illégale parce qu'insuffisamment fondée sur le plan matériel comme juridique, expose Aïnoha Pascual auprès de franceinfo. La deuxième, c'est qu'ils se sont rendu compte que dissoudre un mouvement de cette ampleur n'avait aucun sens."

"C'est toujours une carte qu'ils ont en main"

Lors de la procédure contradictoire préalable à toute décision de ce type, l'avocate a fait valoir que les éléments du ministère de l'Intérieur étaient "soit infondés, soit matériellement pas établis". Elle reproche au gouvernement un "syllogisme" peu probant : les Soulèvements ont appelé à cette manifestation de Sainte-Soline, lors de laquelle il y a eu des violences, donc le collectif en est responsable. "Le gouvernement n'impute pas à l'intersyndicale les violences pendant les manifestations contre la réforme des retraites", compare-t-elle.

Léna Lazare, l'une des porte-parole du mouvement, s'interroge sur l'impact de la vague de soutien (comme cette tribune signée par 300 personnalités dans Le Monde) reçue par le mouvement depuis l'annonce de la dissolution. Elle pointe également l'absence d'incidents lors de la manifestation contre l'autoroute A69 dans le Tarn, également soutenue par les Soulèvements. "Il n'y a eu aucune tension, c'est compliqué de nous faire passer pour un groupuscule violent", souligne-t-elle.

La militante, qui estime que l'horizontalité et la diversité du mouvement rendrait toute dissolution inefficace, ne pense pas pour autant que les Soulèvements soient "sortis d'affaire". "L'annonce de cette dissolution était une volonté de nous faire taire, c'est toujours une carte qu'ils [le gouvernement] ont en main", estime-t-elle. La prochaine action du collectif écologiste est prévue du 5 au 8 mai, contre le projet d'autoroute A133-A134 près de Rouen (Seine-Maritime).

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