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#maplanète : se chauffer grâce au bois… et à la paille

Une ville entière chauffée et éclairée grâce au bois et à la paille ? C’est possible ! A Pécs, en Hongrie, cette énergie "verte" a remplacé le charbon qui noircissait le ciel dans les années 50, puis le gaz importé de l’étranger. Un modèle unique en Europe.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le bois est d'abord transformé en copeaux © Veolia)

Les deux tours de briques se dressent dans le ciel de la ville depuis plus de 50 ans. Ici on parle de la centrale, aujourd’hui propriété du groupe Véolia.

  (La centrale de Pécs en Hongrie © Véolia)

La visite commence dans un immense hangar où l’on charge les bottes de paille sur un tapis roulant. Broyées par des vis géantes, elles sont ensuite jetées à l’intérieur d’une chaudière haute comme un immeuble de 10 étages.

31 000 logements, 450 bâtiments publics

La paille alimente une centrale de 35 MW. L’autre centrale de 50 MW brûle du bois depuis 2004.

Ces deux énergies permettent de chauffer et d’éclairer toute la ville (150 000 habitants, 31 000 équivalents logements et 450 bâtiments publics) ; un système facilité par le réseau de chauffage collectif hérité de la période soviétique.

La centrale biomasse de Pécs représente aujourd’hui l’équivalent de 210 millions de mètres de cubes de gaz par an, sauf qu’elle rejette 400 000 tonnes de C02 en moins, qu’elle a réduit la dépendance de la ville vis-à-vis du gaz russe et qu’elle a fait baisser le coût de l’énergie.

  (La centrale consomme 400.000 tonnes de bois par an © RF / Isabelle Labeyrie)

Beaucoup d’heureux… et quelques sceptiques

Autres bénéficiaires, les agriculteurs de la région (selon les responsables de la centrale, la paille est ramassée dans un rayon de 100 kilomètres).

Yannos Ditrich s’est séparé de ses vaches et de ses moutons pour cultiver des céréales et vendre la paille. "Depuis, dit-il, mes revenus ont été multipliés par dix" .

Avant, la paille ne lui servait à rien, sinon à nourrir ses sols. Aujourd’hui, pour la remplacer, il utilise les sacs de cendres qui lui reviennent de la centrale, elles sont chargées de minéraux et de potassium.

Le bois qui alimente la centrale était lui aussi un matériau inutilisable : troncs malformés, inexploitables en menuiserie, résidus forestiers, sciure. Le directeur général adjoint, Péter Rudolf, se félicite d’avoir "créé un marché en valorisant des déchets" .

  (Peter Rudolf, directeur général adjoint de la centrale de Pécs © RF / Isabelle Labeyrie)

Mais le procédé est gourmand : il faut chaque année 400 000 tonnes de bois et 180 000 tonnes de paille. A Pécs, un collectif de citoyens assure que depuis que la centrale est en service, la forêt a reculé. Que des coupes claires sont régulièrement pratiquées dans le massif, sans souci de la régénération forestière. Les premières années, de nombreuses manifestations ont été organisées contre la centrale.

La ville la plus verte d’Europe ?

Mais rien ne détournera Pécs de son engagement dans le renouvelable. La ville a signé avec Véolia jusqu’en 2030 et le maire, Zsolt Pava, veut faire de sa commune "la ville la plus verte d’Europe" . Le titre lui a échappé pour 2016 ? Il en est persuadé, ce sera pour 2017.

  (Pécs, en Hongrie, ville la plus verte d'Europe ? © RF / Isabelle Labeyrie)

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