Le thon rouge de Méditerranée reprend des couleurs
Depuis lundi, le Jean-Marie Christian VI, attend le poisson au large de Malte. Il a jusqu’au 24 juin pour pêcher les 150 tonnes de thon rouge auquel il a droit et pas un de plus. Ce bateau sétois fait partie des dix-sept navires français qui pêchent à la senne : cet immense filet qui encercle les bancs de thon. Ils étaient deux fois plus avant.
"Les quotas ont été divisés par quatre mais comme le prix du thon a été multiplié par trois ça reste viable pour notre armemen t", explique Jean-Marie Avalone. Ce pêcheur de 25 ans fait partie d’une grande famille de pêcheurs au thon rouge de Sète dans l’Hérault. Ceux qui pêchent a la senne : cet immense filet qui encercle les bancs de poissons.
Le nombre de bateaux en baisse
"La mentalité des pêcheurs a beaucoup changé. Ils ont compris de protéger la ressource était dans leurs intérêts ", explique celui dont le père et le grand père étaient à la pointe des combats des années 2006-2010. "Il faut comprendre les pêcheurs. On les accusait de tous les maux. On attaquait leur outil de travail. D’ailleurs depuis 2005, la baisse des quotas ne s’est pas faite sans cris, sans peine et sans douleur ", reconnaît Bertrand Wendling, directeur de la coopérative des pêcheurs de Sète.
La baisse des quotas de 30.000 à 13.500 tonnes a fait aussi baisser le nombre de bateau. Mais aujourd’hui le thon vendu parfois à 1.000 euros le kilo pour le sushi haut de gamme du Japon permet aux pêcheurs de bien vivre.
Dès 1998, les scientifiques s’alarmaient de la surpêche devant la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés d’Atlantique : ICCAT. La commission décidait de quotas de pêche beaucoup trop élevés pour permettre aux thons de se reproduire. D’autant qu’il y avait énormément de pêche illégale : jusqu’à 20.000 tonnes. L’ICCAT ne tiendra compte de leurs recommandations que 10 ans plus tard, lorsqu’en 2007, elle met en place un plan de reconstitution.
Trois fois plus de bancs de thons repérés
"La baisse des quotas, la baisse des bateaux, les contrôles avec des observateurs à bord ont tout chang é", explique Jean-Marc Fromentin, l’un des chercheurs de l’Ifremer qui a tiré cette sonnette d’alarme. Depuis trois ans, le scientifique est plus optimiste parce que les survols aériens repèrent trois fois plus de bancs de thons qu’il y a dix ans. "C’est parce que la société civile et les ONG ont porté notre message auprès du grand public que les choses ont bougé ", reconnaît le scientifique.
Pour autant, il reste prudent et estime qu’il faut attendre avant d’augmenter de nouveau les quotas. Pour les pêcheurs la fin du boycott notamment dans les grandes surfaces serait déjà un bon début pour faire comprendre au public tous leurs efforts.
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