Le ministère français de l'Agriculture a confirmé vendredi avoir autorisé la mise sur le marché du pesticide Cruiser OSR
Destiné au traitement du colza, il est controversé pour ses effets potentiels sur les abeilles.
Commercialisé par le groupe suisse Syngenta Agro, il contient deux fongicides et un insecticide (thiaméthoxam) qui, selon les apiculteurs, migre dans la sève et les fleurs des plantes et reste en terre durant trois ans, contaminant les cultures suivantes.
La décision du ministère avait été dévoilée jeudi par l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) qui avait dénoncé un "nouveau coup porté" aux abeilles.
"Cette autorisation fait suite à l'avis favorable de l'Agence nationale de sécurité sanitaire du 15 octobre 2010 qui conclut que l'usage de la préparation Cruiser OSR sur (les) semences (de crucifères) satisfait à l'ensemble des conditions de sécurité requises", a précisé le ministère dans un communiqué publié jeudi soir. Toutefois, selon lui, cette autorisation pourrait faire l'objet d'une "suspension en cas d'incident".
Le ministère de l'Agriculture précise que l'autorisation a été donnée le 3 juin et insiste sur le fait que "les conditions de sécurité de cette autorisation (...) continueront à faire l'objet d'une vigilance accrue qui pourra conduite à sa suspension en cas d'incident".
"C'est un nouveau coup porté à nos abeilles. Nous constatons avec dégoût le désintérêt du ministère pour notre cause et nous redoutons un printemps silencieux dans les plaines du colza", a déclaré jeudi le président de l'Unaf. Selon Olivier Belval, "c'est un de nos apiculteurs qui nous a rapporté cette information qu'on a mis du temps à confirmer, parce qu'aucune information officielle n'avait filtré". Le colza restait "une des rares cultures non traitées d'un attrait majeur pour nos colonies d'abeilles", a précisé l'Unaf.
Selon le ministère, le Cruiser OSR est déjà utilisé dans l'Union européenne sur plus de 2.800.000 hectares, soit deux hectares sur cinq, et il a permis de "supprimer un à deux traitements insecticides des feuilles de plein champ".
Les autorisations de mise sur le marché du Cruiser, données en 2008 et 2009 par le ministère de l'Agriculture, ont été annulées par le Conseil d'Etat, qui a ainsi répondu aux plaintes déposées par des organisations d'apiculteurs et écologistes. Le Cruiser, devenu illégal en 2010, a été remplacé par le Cruiser 350. "C'est pour nous exactement le même produit, ce n'est qu'une pirouette juridique", a conclu M.Belval. Cet autre pesticide de la famille Cruiser, utilisé pour la protection des cultures de maïs, a donné lieu à des cas avérés d'empoisonnement des abeilles. Pour cette raison, l'Unaf a demandé auprès du Conseil d'Etat l'annulation des autorisations délivrées pour 2010 et 2011 pour le Cruiser 350.
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