L'acidification des océans augmente depuis 200 ans, et ce n'est pas une bonne nouvelle
Le changement climatique n'est pas la seule conséquence des émissions humaines de dioxyde de carbone (CO2). Celles-ci sont aussi responsables de l’acidification des océans, un phénomène peu connu mais inquiétant.
Les océans sont de plus en plus acides. C'est la conclusion de la 12e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (en anglais). Une trentaine de spécialistes internationaux de biologie marine ont rendu publique une synthèse des connaissances sur le sujet, mercredi 8 octobre, à Pyeongchang (Corée du Sud).
Le pH des océans a diminué en moyenne de 26% au cours des 200 ans dernières années, constatent-ils dans ce document. Or, plus le pH d'un liquide diminue, plus il est acide. Ce rapport souligne aussi la gravité du phénomène, ses impacts très variés et le fait qu'il va se poursuivre dans les décennies à venir.
Comment ce phénomène se produit-il ?
L'acidité des océans varie naturellement au cours d'une journée et des saisons. Il dépend aussi des régions et de la profondeur d'eau. Mais son augmentation, au cours des deux derniers siècles tend à rendre les eaux de surface de plus en plus corrosives. Elle est liée à l'absorption, par les océans, de plus d'un quart des émissions de CO2 émises par les activités humaines.
Si les émissions humaines se poursuivent au rythme actuel, préviennent les chercheurs, les océans verront "leur acidité augmenter d'environ 170% par rapport aux niveaux préindustriels d'ici à 2100". Selon des travaux publiés en 2012 dans la revue Science, cités par Le Monde, le phénomène actuel est d'une amplitude inédite depuis cinquante-six millions d'années et se produit à une rapidité jamais vue depuis 300 millions d'années.
Tout en affirmant que les impacts de l'acidification océanique sont un champ d'étude encore largement à défricher, les chercheurs soulignent "que seule une réduction des émissions de CO2 permettra d'enrayer ce problème".
Quelles sont les espèces menacées ?
"Les écosystèmes et les habitats côtiers subissent une plus grande variabilité que ceux situés en haute mer", préviennent d'abord les scientifiques. Des travaux ont par exemple montré que la fertilisation de certaines espèces est très sensible à l'acidification des océans, et que d'autres y sont plus tolérantes.
Etoiles de mer, oursins, concombres de mer, par exemple, sont directement concernés. Plus largement, les coraux, les mollusques et les échinodermes, et toutes les créatures constituées d'une structure calcaire ou d'une coquille, sont particulièrement affectés par ce changement. Il réduit leur rythme de croissance et leur taux de survie. Selon Le Monde, les foraminifères (organismes planctoniques) et les ptéropodes (mollusques planctoniques) sont parmi les plus fragiles et "verront probablement une calcification réduite, voire une dissolution dans les conditions projetées pour le futur".
Le rapport met en avant les impacts socio-économiques déjà visibles dans certaines régions du monde : sur l'aquaculture dans le nord-ouest des Etats-Unis ou sur l'ostréiculture dans plusieurs zones de la planète. Les risques pesant sur les barrières de coraux des régions tropicales sont aussi "une grande préoccupation, car les moyens de subsistance de quelque 400 millions de personnes dépendent de ces habitats", avancent-ils.
En revanche, certaines algues et micro-algues peuvent en bénéficier, comme certains types de phytoplanctons. Même dans de telles conditions, souligne Le Monde, "les phytoplanctons non calcaires, comme les diatomées [microalgues unicellulaires], peuvent montrer une capacité accrue à la photosynthèse".
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