Cet article date de plus de six ans.

"Jour du dépassement" : "Nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis", alerte le WWF

"Les conséquences du changement climatique, ce n'est plus de la science-fiction", alerte sur franceinfo, Valérie Gramond, directrice des programmes au WWF. "On a tous besoin [...] d'une eau potable, d'un sol fertile. Il faut inscrire nos activités économiques dans ce cadre-là et pas l'inverse", dit-elle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une affiche présente un surfeur chevauchant une vague de bouteilles plastiques, le 4 juin 2018 à Santiago au Chili, pour dénoncer la pollution, à la veille de la Journée mondiale de l'environnement. (CLAUDIO REYES / AFP)

On l'appelle le "jour du dépassement". À compter de ce mercredi 1er août, l'humanité aura consommé l'ensemble des ressources que la nature met un an à produire et à renouveler. Nous vivrons donc à crédit pendant les cinq prochains mois, selon l'ONG Global Footprint Network.

"Cette date arrive tous les ans un peu plus tôt", note Valérie Gramond, directrice des programmes au WWF. Cette année 2018 marque un nouveau record de précocité. Au début des années 1970, le jour du dépassement était atteint le 29 décembre. L'an dernier, c'était le 3 août. Il nous faut désormais l'équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins.

Le WWF appelle le gouvernement à se mobiliser pour protéger la nature, notre meilleur allié pour absorber notre pollution.

franceinfo : Nous vivons désormais à crédit, qu'est-ce que cela signifie ?

Valérie Gramond : Nous cumulons chaque année une dette écologique, nous vivons au-dessus de nos moyens écologiques. Cette date arrive tous les ans un peu plus tôt. Il faut impérativement poser les limites. On a tous, quelle que soit notre activité, besoin d'un climat stable, d'une eau potable, d'un sol fertile. Il faut inscrire nos activités économiques dans ce cadre-là et pas l'inverse. Un peu comme le font les entreprises qui fonctionnent bien ou les ménages qui gèrent leur budget, leur capital. Nous sommes incapables de le faire. Les Français connaissent en ce moment des vagues de chaleur. Les conséquences du changement climatique, ce n'est plus de la science-fiction, on le vit et il faut agir.

Cette date arrive chaque année un peu plus tôt. Pourquoi ?

On surconsomme, on surproduit. Des exemples. Le gaspillage alimentaire : 30% de nos aliments vont directement à la poubelle. On sur-emballe nos produits. L'équivalent d'un camion-poubelle de plastique est déversé chaque minute dans la Méditerranée. Plus grave encore, on détruit les capacités de régénération de la nature. C'est-à-dire ce qui va absorber le carbone, filtrer l'eau, nous donner de la nourriture avec des sols fertiles. En bétonnant, on empêche la nature de faire son travail. On bétonne l'équivalent de 200 terrains de foot par jour, en France, pour construire de manière déraisonnable. On utilise beaucoup de pesticides. On épuise complètement la nature et on est en train de scier la branche sur laquelle on est assis, puisque la nature nous fournit les solutions, absorbe les pollutions. Il faut absolument préserver la biodiversité la plus riche, nos prairies, nos forêts et inscrire notre développement dans ce cadre.

Que pouvons-nous faire chacun à notre échelle ?

Arrêter de gaspiller. Arrêter d'utiliser, à son échelle, des pailles. On peut demander des comptes aux élus pour que le bio soit dans les cantines, pour que l'on interdise le plastique à usage unique. On peut aussi, à son échelle, modifier son alimentation. Le WWF a montré cette année, en produisant une étude, qu'un ménage avec deux enfants, pouvait consommer local, de saison, réduire sa consommation de protéines animales en passant de sept jours à cinq jours, ce qui est conforme aux recommandations du plan national santé. Réduire aussi la consommation de produits industriels. Au final ça ne coûte pas un euro de plus, c'est meilleur pour la santé et ça fournit des revenus pour nos agriculteurs. Bien sûr les citoyens peuvent agir à leur échelle, mais c'est au gouvernement d'agir. Il a une grande responsabilité dans les domaines de l'alimentation, de la mobilité, de l'énergie. Des projets de loi sont en cours de discussion ou attendus. Le gouvernement doit absolument se positionner pour inverser la tendance.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.