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Ferme des "Mille vaches" : 2 à 4 mois de prison avec sursis requis

Au procès de neuf militants de la Confédération paysanne accusés d’avoir dégradé la ferme dite, des "mille vaches", près d’Abbeville, le procureur a requis des peines de prison allant de 2 à 4 mois de prison avec sursis. Les prévenus, eux, se sont surtout défendus sur le fond, et moins sur la forme de leur protestation.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Les "anti ferme des mille vaches" rassemblés près du tribunal d'Amiens © Maxppp)

Les militants de la Confédération paysanne sont jugés pour avoir organisé des opérations coup de poing contre la ferme des "mille vaches", près d’Abbeville en 2013. Devant le tribunal, au début de l'audience, mardi matin, entre 1.500 et 4.000 manifestants se sont rassemblés pour les soutenir. Ils sont venus de toute la France, en tracteurs, vélo ou autocars.

La journée a débuté par une minute de silence en hommage à Rémi Fraisse, jeune homme tué dimanche par une explosion lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens. Ils ont installé des tentes, des barnums et une scène avec une banderole où on pouvait lire : "Nos fermes ne sont pas des usines ". Des personnalités, telles que José Bové, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, étaient présentes.

Faire "changer une loi"

Le maire de Ducrat Le-Plessis, où se situe la ferme, était également devant le tribunal d’Amiens. Il voudrait que la ferme n’accueille pas autant de vaches que prévues, mais reste à 500 laitières. "Mille vaches, ça va apporter des pollutions au niveau de la baie de Somme (située à 20 km ndlr) et ça deviendra l'ennemi de notre parc naturel régional "

 

Pour expliquer les dégradations, les neufs prévenus ont invoqué la "désobéissance civile " pour justifier une action "syndicale " et "collective ". "C'est en menant des actions de protestation, de refus, de désobéissance civile, qu'on peut faire changer une loi ", a déclaré l'un d'eux, Thierry Bonnamour. 

"Je comprends le combat politique, mais dans le respect de la loi" (Me Franck Berton, avocat de la partie civile)

 

Les militants se sont concentrés sur les raisons de leur action, et non sur les moyens engagés pour montrer leur désaccord. Ils estiment que la ferme des "1.000 vaches" est une "usine ", une preuve de l’industrialisation de l’agriculture. Ils ont dégonflé des pneus et démonté des pièces, mais pour eux, ce n’est pas aussi grave que les conséquences du projet de ferme laitière géante.

 

Reportage de François Desplans devant le tribunal d'Amiens

L’avocat de la partie civile, Me Franck Berton a réagi pendant la pause : "Le tribunal ne pourra pas faire autrement que condamner. On n'est pas là pour demander des peines exemplaires ou quoi que ce soit de lourd ou de grave. Mais pour dire il y a une loi à respecter ", ajoutant, "je comprends le combat politique, mais dans le respect de la loi ". Le préjudice s’élève, selon lui, à "148.600 euros ".

Dans son réquisitoire, le procureur a réclamé des peines de prison allant de deux à quatre mois avec sursis. Et il a réclamé une amende de 1.000 euros pour refus de prélèvement ADN. Le procureur adjoint de la République d'Amiens Françoise Dale a qualifié ce dossier d'"éminemment politique " et que les dégradations devaient être sanctionnées. Ces faits ne font pas des militants des "délinquants ordinaires ", mais ils "doivent être sanctionnés ", a-t-elle souligné.

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