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Explosion d'un train au Québec : le transport du pétrole montré du doigt

Le bilan de la catastrophe ferroviaire survenue samedi au Québec est toujours provisoire ; il est pour l'instant de cinq morts et une quarantaine de disparus. Après l'explosion de ce convoi transportant du pétrole en plein centre de la ville de Lac-Mégantic, des critiques de plus en plus sévères se font jour au sujet de ce mode de transport pour acheminer les hydrocarbures, dont la production ne cesse d'augmenter en Amérique du Nord.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Mathieu Bélanger Reuters)

Les images de dévastation, qui tournent en boucle sur les télévisions nord-américaines depuis samedi, dépeignent un paysage apocalyptique. La petite ville de Lac-Mégantic, environ 6.000 habitants, à quelque 250 kilomètres de Montréal, a été quasiment soufflée par l'explosion d'un train composé de 72 wagons-citernes transportant plusieurs centaines de tonnes de pétrole brut.

La cause, incident technique ou erreur humaine, est encore largement inconnue. Mais la polémique n'a pas attendu la fin des opérations de recherche d'éventuels survivants pour se faire jour. Le transport ferroviaire des hydrocarbures américains est aujourd'hui pointé du doigt, sans oublier les conséquences écologiques du déversement de tout ce pétrole dans les cours d'eau environnants.

La production d'hydrocarbures explose

Depuis plusieurs années, l'Amérique du Nord connaît une augmentation exponentielle de sa production d'hydrocarbures. Plus que cela, on parle même d'explosion. Une des raisons est l'exploitation de pétrole de schiste et des sables bitumineux, et la découverte de nombreux gisements sur le territoire.

Les États-Unis, troisièmes producteurs de pétrole mondiaux - derrière l'Arabie saoudite et la Russie - ont connu une croissance de 14 % de leur production en 2012, selon un rapport de la compagnie BP, qui fait autorité en la matière. Selon l'Agence internationale de l'Énergie (AIE), le pays pourrait même devenir le premier producteur mondial d'ici cinq ou six ans. Le Canada n'est pas loin derrière.

Ces hydrocarbures non-conventionnels viennent pour la plupart de l'État d'Alberta, à l'ouest du Canada, et de celui du Dakota du Nord, aux États-Unis, ce dernier talonnant désormais le Texas en termes de production.

Pas le temps de construire des oléoducs ?

La croissance exponentielle, et les besoins de transport rapide des hydrocarbures, ont quelque peu changé le mode de transport ces dernières années. De même que la nouveauté des gisements.

L'Amérique du Nord est traversée par un réseau d'oléoducs construits il y a plusieurs années (voir sur le site de l'Association canadienne des pipelines d'énergie).

Mais le besoin rapide de transport a poussé les compagnies et les autorités à se tourner vers le train, notamment ceux de la compagnie Montreal, Maine & Atlantic (MMA), impliquée dans la catastrophe de Lac-Mégantic.

Ce qui pose question, malgré les arguments avancés par les professionnels du train comme la sûreté ou la rentabilité de ce mode de transport, c'est le manque de précautions au moment de traverser des zones habitées. Car il semble impensable qu'un convoi transportant des centaines de tonnes de pétrole brut, hautement inflammable, puisse traverser sur les rails le centre d'une commune densément peuplée.

Le Canada, et plus largement l'Amérique du Nord, ne pourront faire l'économie d'une remise en question générale du transport de leur richesse parmi les plus convoitées, les hydrocarbures.

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