Cet article date de plus d'un an.

Emballages : "Si on veut être neutre en carbone, cela passe par la réduction du plastique inutile", insiste l'eurodéputé Renew Pascal Canfin

Alors que le sujet est à l'ordre du jour au Parlement européen, Pascal Canfin vise, par exemple, les boîtes en carton pour les dentifrices en tube ou les concombres filmés et dénonce la résistance de certaines enseignes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Pascal Canfin à franceinfo, le 25 septembre 2023. (RADIOFRANCE)

"Si on veut être neutre en carbone, si on veut être plus souverain, plus indépendant, cela passe par la réduction du plastique inutile", a défendu mardi 24 octobre sur franceinfo l'eurodéputé Renew et président de la commission parlementaire Environnement Pascal Canfin, alors que les députés européens se penchent sur un texte visant à verdir les emballages dans l'UE. À l'heure où les Européens n'ont jamais généré autant de déchets d'emballages, 188,7 kilos par habitant en 2021, soit un bond de 11 kilos en un an et de 32 kilos en une décennie, selon les chiffres d'Eurostat, "l'enjeu est de fixer des règles" pour interdire "les emballages totalement superflus".

franceinfo : quels sont les enjeux du débat à la commission environnement du Parlement européen ? 

Pascal Canfin : Nous voulons réduire considérablement le volume de nos déchets. On se donne des objectifs à moyen terme de les réduire d'au moins un quart, par exemple pour les plastiques. L'enjeu est donc de fixer des règles qui font que l'on commence par les emballages totalement superflus.

Beaucoup d'emballages sont pourtant indispensables pour assurer un niveau suffisant de sécurité, d'hygiène ?

On ne va pas réduire 100% des emballages. On va commencer par ceux qui sont superflus. Par exemple, le tube de dentifrice est dans du plastique bien fermé avec une capsule au-dessus et pourtant il y a quand même du carton autour. Celui-ci ne sert absolument à rien. On propose là aussi de se passer du carton et évidemment de garder le plastique pour des raisons évidentes de sécurité et d'hygiène. Autre exemple : le concombre. Vous avez dans les supermarchés encore des concombres avec un film plastique autour, alors que vous avez d'autres concombres avec juste un petit filet en carton, en papier, voire rien du tout. Donc c'est faisable, cela ne change pas la qualité du concombre et donc on peut supprimer ce film plastique. Voilà des dizaines et des dizaines d'exemples de choses qui ne servent à rien et qui produisent des déchets dont on ne sait aujourd'hui malheureusement pas quoi faire et parfois qu'on exporte au bout du monde dans des conditions déplorables.

Faut-il faire une distinction entre les emballages utiles et inutiles ? 

En gros, il y a une hiérarchie : quand l'emballage est totalement substituable, inutile, notre objectif est tout simplement de s'en passer, ce qui est la meilleure façon de ne pas produire de pollution derrière. En revanche, il y a des emballages qui sont parfaitement utiles, qui répondent à un enjeu concret de modes de vie, les gourdes pour les enfants, les emballages autour des gâteaux, etc. L'objectif n'est pas de supprimer ces emballages. Par contre, mon objectif, c'est de faire en sorte qu'ils soient 100% recyclables et recyclés. 

"L'un des objectifs de la directive est d'aller vers une économie non seulement plus sobre mais aussi circulaire."

Pascal Canfin, eurodéputé

à franceinfo

Autrement dit avec des taux de matières recyclées pour les bouteilles d'eau, de lait, pour les gourdes, par exemple qui montera progressivement de façon à ce qu'on mette tout le monde dans une boucle circulaire. Ainsi, nous serons plus autonomes du plastique, une matière que nous fabriquons et que nous importons. Je rappelle que derrière le plastique, il y a du pétrole. Et donc, si on veut être neutre en carbone, si on veut être plus souverain, plus indépendant, cela passe aussi par la réduction du plastique inutile.

Cette restriction des emballages examinée mardi par le Parlement européen fait l'objet d'une intense résistance des industriels. Comment l'expliquez-vous ? 

C'est du lobbying. Vous avez des entreprises qui sont totalement en soutien de ce combat que nous menons collectivement pour notre environnement comme Ikea, Carrefour qui vont même plus loin que la loi et je les encourage et je les félicite. Et puis vous avez des entreprises qui font tout pour nous empêcher de passer ce texte comme McDonald's, KFC ou encore Dunkin' Donuts dont le modèle repose sur le tout plastique et le tout jetable. 

En France, ces enseignes de restauration rapide ont pourtant fait des efforts avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) votée en février 2020 ?

La France est probablement le pays en Europe, voire sans doute au monde, qui a l'encadrement et les pratiques qui commencent à devenir les plus vertueuses. Vous savez que dans les fast-foods vous avez de plus en plus de vaisselle réutilisable et non plus jetable quand vous mangez sur place, ce qui, au fond, revient à du bon sens. Maintenant, ce qu'on veut, c'est changer d'échelle, le faire à l'échelle du continent mais on a un lobbying effréné de ces enseignes de la restauration rapide pour rester sur leur modèle du tout jetable et du tout plastique. Et j'espère que nous allons aujourd'hui gagner ce combat.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.