Economie circulaire : le projet de loi "anti-gaspillage" inquiète les professionnels du secteur
Le projet de loi "anti-gaspillage" présenté mercredi 10 juillet en conseil des ministres, ne fait pas l'unanimité auprès des professionnels du secteur, notamment au centre de tri de collecte sélective de Villers-Saint-Paul, près de Creil.
Une chaîne de tri ultra-automatisée. Le centre de tri de collecte sélective de Villers-Saint-Paul, près de Creil, dans le département de l'Oise, gère les poubelles de près de 800 000 habitants, soit l'ensemble du département de l'Oise.
60 000 tonnes de déchets par an
Après 36 millions d'euros de travaux, la capacité du centre est passée de 30 à 60 000 tonnes de déchets par an. Les 280 tonnes de déchets quotidiens passent par différentes machines pour les regrouper par catégorie, comme les 19 trieurs optiques. "C'est un système de reconnaissance du matériaux", explique Ludovic Cuillerier, technicien au Syndicat Mixte du département de l'Oise (SMDO). "Ca se fait par scanner et c'est couplé à des buses de soufflement. Cela envoie un jet d'air comprimé pour éjecter le matériau qui doit être trié par la machine", ajoute-t-il.
Les matières triées sont ensuite revendues pour être réutilisées dans la confection de nouveaux produits : c'est le principe de l'économie circulaire. "Ce qu'on reçoit sous forme de déchets que les habitants nous apportent, ça repart pour fabriquer de nouvelles matières. Donc économiser des ressources naturelles qui serviraient à fabriquer ces matières", précise Gilles Choquer, directeur général des services du syndicat.
Le plastique c'est du pétrole donc si on recycle du plastique, c'est autant de pétrole que l'on consomme en moins pour refabriquer du plastique
Gilles Choquerà franceinfo
Les travaux menés sur ce centre de tri lui permettent de traiter tous les emballages plastiques. Parmi eux le TEP, présents dans les bouteilles d'eau notamment. Mais si la consigne pour les bouteilles en plastiques prévu dans le projet de loi voit le jour, les bouteilles seraient collectées ailleurs, dans des supermarchés notamment. Un énorme manque à gagner.
"Je vois cette proposition comme du sabotage"
Arielle François, maire-adjointe à Compiègnes et administrateur du SMDO, vit cette proposition "comme du sabotage" : "Ici sur ce centre de tri, on vend à peu près presque 4 millions d'euros de matériaux de matières premières, c'est un tiers de nos revenus. On a un business plan, ce n'est pas l'État qui paye, c'est les gens ! On va nous piquer de la matière bankable et on va nous laisser les couches-culottes, c'est indécent !".
La consigne supposerait que les consommateurs ramènent leurs bouteilles en plastiques et cannettes en acier, contre 15 ou 20 centimes, une véritable révolution des mentalités à mener.
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