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Deux salariés bretons de l'agroalimentaire victimes de pesticides mènent une triple procédure contre leur ex-employeur

Aujourd'hui au chômage, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, intoxiqués en avril 2009 par des pesticides contenant un produit potentiellement cancérigène, ont été victimes d'un accident du travail reconnu par la Sécurité sociale.Licenciés, ils poursuivent leur employeur, la société Nutréa, appartenant à Triskalia, devant le tribunal de Saint-Brieuc.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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  (AFP/CORMON FRANCIS/hemis.fr)

Aujourd'hui au chômage, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, intoxiqués en avril 2009 par des pesticides contenant un produit potentiellement cancérigène, ont été victimes d'un accident du travail reconnu par la Sécurité sociale.

Licenciés, ils poursuivent leur employeur, la société Nutréa, appartenant à Triskalia, devant le tribunal de Saint-Brieuc.

Les deux hommes sont soutenus par les associations Générations futures, Phyto victimes, Attac et par l'union syndicale Solidaires. Au siège de Solidaires Paris, ils ont expliqué vendredi comment ils avaient été intoxiqués par des pesticides contenant du dichlorvos, un produit dangereux. Il avait été utilisé pour traiter en surface des céréales destinées à l'alimentation animale (porcs et volailles), infestées par des charançons et des vermines, stockées chez Nutréa sur le site de Plouisy, dans les Côtes d'Armor.

Souffrant de maux de tête, de douleurs au ventre, de saignements, de brûlures au visage et au cuir chevelu récurrents, ils ont subi de nombreux arrêts du travail dans le cadre de leur accident du travail. Depuis, ils souffrent d'un syndrome d'intolérance aux solvants et aux odeurs chimiques. Déclarés inaptes au travail, ils ont été licenciés en juin et juillet 2011 par leur entreprise, Nutréa, filiale du plus important groupe d'agro-alimentaire de Bretagne, la coopérative Triskalia (4.500 salariés et 20.000 agriculteurs adhérents).

Lors de la première intoxication, cette dernière avait reconnu son erreur. Mais un an plus tard, ils étaient de nouveau tombés malades car travaillant à proximité de pompes de ventilation de produits mal réglées - ce que conteste la direction, selon qui rien n'est prouvé - dont l'une n'était plus aux normes.

Déclarés inaptes à leur poste, ils refusent d'autres postes arguant que c'est l'environnement tout entier qu'ils ne supportent plus. Ainsi, Stéphane Roussel ne peut plus se trouver à proximité de produits chimiques sans souffrir de brûlures.

Dès mai 2010, ils avaient porté plainte contre X auprès du procureur de Guingamp, dans les Côtes d'Armor, plainte d'abord classée sans suite avant qu'une enquête préliminaire soit ouverte en novembre 2010.

Leur avocat, Me François Lafforgue, a engagé une triple procédure auprès du tribunal correctionnel, des juridictions de la Sécurité sociale et du conseil des Prud'hommes.

Au pénal, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel veulent faire condamner leur entreprise pour traitement des céréales avec un produit, le Nuvan Total, interdit depuis juin 2006 et utilisé à un dosage sept fois supérieur à la norme autorisée, par une entreprise non agréée, et pour atteinte à leur intégrité physique.

Devant les juridictions de la Sécurité sociale, ils souhaitent obtenir la reconnaissance d'une "faute inexcusable" de l'employeur pour non-respect de son obligation de sécurité envers les salariés. Enfin, devant les Prud'hommes, ils contestent leur licenciement.

Pour Eric Beynel, de Solidaires, leur cas pose un véritable "problème de santé publique" dont sont également victimes les agriculteurs utilisant des produits phytosanitaires et des milliers de salariés en contact avec ces produits comme les dockers, les douaniers, les magasiniers, les chauffeurs routiers ou les ouvriers des usines de traitement du bois.

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