Interdiction de manifester à Bure : les opposants dénoncent une "action liberticide" et maintiennent leur rassemblement
Les opposants au projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) ont annoncé, vendredi, leur intention de passer outre l'interdiction de manifester ce week-end.
La tension monte dans la Meuse. Huit jours après avoir été évacués du bois Lejuc qu'ils occupaient, les opposants au projet Cigéo de stockage de déchets nucléaires de Bure ont annoncé, vendredi 2 mars, leur intention de passer outre l'interdiction de manifester décrétée par la préfecture.
"Plus de 700 opposants sont attendus", samedi 3 et dimanche 4 mars à Bure et dans la commune voisine du bois, selon la préfecture.
Quatre arrêtés préfectoraux
Craignant l'affluence de plusieurs centaines de manifestants et pour éviter les troubles à l'ordre public, la préfecture a pris quatre arrêtés juste avant ce rassemblement pour interdire les manifestations et réserver la circulation à Bure et à Mandres-en-Barrois aux seuls riverains.
"Les militants ne pourront pas stationner dans les villages alentours, ils ne pourront pas garer leur voitures et ils seront sûrement bloqués par des centaines de gendarmes mobiles", déplore Sylvestre, l'un des opposants.
On trouvera toujours des brèches par lesquelles s'engouffrer.
Sylvestre, opposant au projet Cigéoà franceinfo
Selon la préfète, les militants ont refusé le parcours proposé par les autorités pour leur manifestation.
Rencontre inter-comités de soutien et de lutte
Ce week-end de mobilisation se veut aussi plus large. Des ateliers et des discussions sont prévus entre les militants de collectifs, d'élus opposés au projet, mais aussi de membres d'associations environnementales -comme Réseau sortir du nucléaire- et de la Confédération paysanne, notamment dans La Maison de la résistance, à Bure. Le but des opposants est d'organiser de nouveaux modes d'actions contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux. Les limitations de circulation risquent donc de mettre à mal ses réunions.
"Notre objectif était avant tout de discuter, d'échanger ensemble et aussi de construire une vigie citoyenne à l'orée du bois, sur un terrain privé, donc c'est complètement légal, poursuit Sylvestre. Et on nous empêche de faire ça. En fait, aujourd'hui, l'État décide de museler l'opposition. C'est une action liberticide."
Il n'y a pas plusieurs oppositions, une opposition légale et une opposition illégale. Il y a une seule opposition qui est plus que légitime face aux agissements du gouvernement.
Sylvestre, opposant au projet Cigéoà franceinfo
"C'est ça qu'on voulait dire ce week-end et c'est ça que le gouvernement cherche à museler", affirme encore cet opposant.
Des déchets radioactifs jusqu'à 100 000 ans
Sur ce site, l'État a prévu d'enfouir à 500 mètre sous terre 80 000 m3 de déchets nucléaires, certains radioactifs jusqu'à 100 000 ans. Actuellement stockés à La Hague, dans la Manche, ces déchets ne devraient pas arriver avant 2030. Si le projet est loin d'être encore abouti, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) doit déposer sa demande d'autorisation l'an prochain.
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