Bure : pour la député EELV Michèle Rivasi l'interdiction de manifester est "un déni de démocratie"
Michèle Rivasi, la député europénne EELV, a jugé samedi sur franceinfo "scandaleux" le fait d'interdire une manifestation contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse).
La député européenne EELV, Michèle Rivasi, a jugé samedi 3 mars sur franceinfo "scandaleux" l'interdiction faite aux opposants au projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) de manifester. Ces derniers ont malgré tout annoncé leur intention de se rassembler en dépit des arrêtés de la préfecture, qui craint de nouveaux débordements. Michèle Rivasi demandé également au ministre de la Transition énergétique et solidaire Nicolas Hulot de faire "des études alternatives".
franceinfo : Quelle est votre réaction à cet arrêté préfectoral qui a été qualifié de "liberticide" par un collectif d'opposants au projet de Bure ?
Michèle Rivasi : C'est un peu un déni de démocratie parce qu'il y a quand même l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme qui permet de manifester. Or, là, si on interdit une manifestation par rapport à ce gros projet, ça veut dire que les gens ne peuvent plus s'exprimer et moi je trouve cela assez scandaleux. Il faut un débat, il faut informer les gens. Si les gens manifestent parce qu'ils sont en désaccord, c'est quand même la liberté d'expression. La guerre est presque déclarée. On veut imposer un sujet aussi important que l'enfouissement des déchets radioactifs et en même temps on interdit les manifestations.
La préfète de la Meuse évoque "700 manifestants attendus", dont "un nombre important au profil extrêmement inquiétant". Vous ne croyez pas à ces manifestants potentiellement violents ?
Si on commence à sortir ces arguments, on ne fait aucune manifestation. Je pense que les manifestants sont des gens responsables. Il y a un service d'ordre qui est capable de filtrer les gens violents et non violents. Mais si on ne peut plus manifester son désaccord, cela veut dire qu'on impose encore à la population française un choix qui n'est pas forcément le leur.
Si l'enfouissement n'est pas idéal, quelle est l'alternative ?
Il y a une solution de sortie. Je demande à Nicolas Hulot, en tant que ministre, de trouver des solutions de stockage en surface ou en sub-surface. Parce que si vous avez un fût qui se détériore et que vous êtes en surface, vous pouvez l'identifier et reconditionner ce fût. Si un fût ou plusieurs fûts se détériorent et qu'il y a des effluents radioactifs, vous pouvez les récupérer et les retraiter. Si on est en sub-surface c'est à dire sous une colline pour éviter par exemple des agression de terroristes ou des explosions, on peut y avoir accès facilement. Ce que je remets en question c'est vraiment d'enfouir ça à 600 mètres de profondeur parce que dès qu'il y a une contamination, plus personne ne veut descendre. On va laisser ça pour des générations. Il y en a pour plus de 100 000 ans. Qui peut dire que dans 100 000 ans, il y aura encore une démocratie ? Qui peut dire comment on va transférer la mémoire que dessous il y a des déchets radioactifs ? Donc, vraiment, j'en appelle à Nicolas Hulot pour qu'il fasse des études alternatives. En fonction du coût, des risques, et de la façon dont on va transmettre le relais de la mémoire en génération en génération, il y aura un vrai débat. On pourra choisir quelle est la meilleure solution pour transmettre la nocivité de ces déchets radioactifs.
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