Crise énergétique, crise écologique... L'imagination est-elle au pouvoir en matière d'énergie ?
On pourrait le croire en voyant la démesure du projet Dersertec (400 milliards d'euros d'investissements) dévoilé en juillet dernier en Allemagne. Pourtant à voir le CV des initiateurs de ce projet, on est loin d'un délire d'écolos marginaux.
Le projet: couvrir le Sahara de centrales solaires pour assurer les besoins énergétiques de l'Europe !
Derrière ce projet fou, qui court sur quelque 40 ans, soutenu par les plus puissantes entreprises allemandes, de nombreuses questions subsistes. Des questions d'ordre technique et des questions d'ordre politique.
Le projet tente d'apporter une solution aux inquiétudes environnementales (le co2) mais aussi énergétiques (manque envisagé de pétrole) qui touchent les sociétés industrielles en Europe. Sur ces questions, tous les pays, mais aussi les industriels élaborent leurs stratégies d'avenir.
Le projet allemand se fait parallèlement au "plan solaire méditerranéen" lancé pendant la présidence française de l'Europe. Un projet qui s'appuie sur les même idées que Desertec mais qui est apparait comme beaucoup moins ambitieux. Nul ne sait pour l'instant comment peuvent se marier ces différents projets qui ne peuvent fonctionner qu'avec l'accord des pays du sud de la méditerranée, destinés à accueillir les centrales solaires et à garantir la sortie de l'électricité.
Sur cette question nord-sud, certains n'hésitent pas à brandir la menace d'une nouvelle dépendance énergétique, comme au temps du pétrole...
Desertec, c'est quoi ?
Les animateurs de Desertec s'appuient sur le constat suivant : la prospérité industrielle est basée sur l"utilisation de ressources énergétiques fossiles dont la combustion en un temps extrêmement court (d"un point de vue géologique) a conduit à une nette augmentation de la concentration en CO2 dans l"atmosphère avec les conséquences que l'on connaît sur le réchauffement de la planète.
On sait par ailleurs que 6,5 milliards de personnes consomment bien plus de ressources naturelles que la terre ne peut en générer. Il faut ajouter à cette analyse le fait que près de 10 milliards personnes peupleront la terre d"ici 2050 et devront satisfaire leurs besoins en nourriture, en eau et en énergie. Aujourd"hui déjà, un tiers de la population mondiale a un accès limité aux besoins primaires et des millions de personnes en sont presque dépourvus.
"Le fait que les grandes nations économiques conservent leur prospérité ou même l"accroissent et que des milliards de personnes aspirent à la même prospérité ne pourrait conduire, selon les méthodes économiques actuelles, qu"à une impasse", affirment les responsables de Desertec, reprenant les thèses déjà ancienne du Club de Rome dans les années 70.
C'est à partir de ce bilan que les initiateurs de Desertec ont décidé de se tourner vers l'énergie solaire. "En six heures, les déserts de notre planète reçoivent plus d"énergie que l"humanité entière n"en consomme dans toute une année", expliquent-ils.
Alors "comment transformer économiquement cette énergie rayonnante en énergie utilisable et la transporter jusqu"aux consommateurs". C'est la réponse à cette question qui donne naissance à Desertec.
Chez Desertec, on affirme que des études effectuées par le Centre Aérospatial Allemand "montrent que les centrales thermiques solaires pourront, surtout dans les régions désertiques, couvrir dans les 40 ans à venir plus de la moitié des besoins énergétiques nécessaires sous forme d"électricité de la région EUMENA (Europe, Moyen Orient, Afrique du Nord) d"une manière économique". Il suffirait, selon le projet, pour couvrir les besoins mondiaux actuels en électricité de 18 000 TWh / an, d"équiper trois millièmes seulement des 40 millions de km2 des surfaces désertiques de notre planète en centrales thermiques solaires dotées de champs de capteurs paraboliques ou de collecteurs. Il suffirait de 20 m2 de désert par personne pour couvrir jour et nuit, sans émissions de CO2, les besoins en électricité d"une personne.
Desertec ne se limite pas seulement au solaire -même si les centrales solaires en sont le point le plus spectaculaire- puisque le projet envisage aussi de recourir à l'éolien, notamment pour fournir à l'Europe plus de 15% de ses besoins en énergie.
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