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En Amazonie, la sécheresse révèle d'anciennes gravures dans les rivières, à des niveaux exceptionnellement bas

Lors d'un précédent épisode de sécheresse en 2010, les gravures avaient été observées pour la première fois.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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En Amazonie, où sévit un épisode d'extrême sécheresse, le niveau de plusieurs cours d'eau a laissé apparaître des roches ornées de gravures qui pourraient dater de plus de 2 000 ans, dans le Rio Negro, près de Manaus, au Brésil, le 21 octobre 2023. (MICHAEL DANTAS / AFP)

Des "smileys" gravés dans la roche il y a plus de 2 000 ans ? En Amazonie, où sévit un épisode d'extrême sécheresse, le niveau de plusieurs cours d'eau a drastiquement baissé et laissé apparaître des roches habituellement immergées, ornées de gravures dont la plupart représentent des visages humains. Elles constituent un site archéologique d'une "grande importance", a souligné l'archéologue Jaime Oliveira, de l'Institut du patrimoine historique et artistique national (Iphan) du Brésil, cité dimanche 22 octobre par l'AFP. 

Pour Beatriz Carneiro, historienne et membre de l'Iphan, ce site situé sur les rives du Rio Negro et baptisé Praia das Lajes a une valeur "inestimable" pour permettre de mieux connaître les premiers habitants de la région, un pan de l'histoire encore peu étudié. "Malheureusement, cela réapparaît aujourd'hui avec l'aggravation de la sécheresse", poursuit-elle. "Le fait de retrouver nos rivières [en crue] et de maintenir les gravures immergées contribuera à leur préservation, plus encore que notre travail."

En Amazonie, où sévit un épisode d'extrême sécheresse, le niveau de plusieurs cours d'eau a laissé apparaître des roches ornées de gravures qui pourraient dater de plus de 2 000 ans, dans le Rio Negro, près de Manaus, au Brésil, le 21 octobre 2023. (MICHAEL DANTAS / AFP)

Les eaux du Rio Negro, l'un des principaux affluents de l'Amazonie, dont le débit a atteint mi-octobre son plus bas niveau depuis 121 ans, recouvraient jusqu'à présent les formations rocheuses et leurs œuvres d'art. Lors d'un précédent épisode de sécheresse en 2010, les gravures avaient été observées pour la première fois. 

"Je me demande si cette rivière existera dans 50 ou 100 ans" 

Si l'apparition des inscriptions du fait de la sécheresse a ravi scientifiques et visiteurs curieux, le phénomène inquiète. "Nous venons, nous regardons [les gravures] et nous les trouvons splendides. Mais en même temps, c'est inquiétant, souligne Livia Ribeiro. Je me demande si cette rivière existera dans 50 ou 100 ans."

Depuis plusieurs mois, cette région vit au rythme des records de chaleur, des multiples incendies qui dévorent la forêt amazonienne et d'une sécheresse inédite qui touche le fleuve Amazone et ses affluents. "Selon les spécialistes, la saison des pluies ne commencera qu'en novembre cette année dans la région et elle permettra difficilement aux fleuves de retrouver leur niveau normal", a alerté Wilson Lima, le gouverneur de l'Amazonas, où la sécheresse affecte plus de 500 000 des 4 millions d'habitants, dont un grand nombre d'indigènes et de membres de communautés de pêcheurs qui vivent sur les rives des fleuves. 

Cette sécheresse extrême en Amazonie résulte à la fois du phénomène météorologique El Niño, qui réduit la formation des nuages et donc les pluies, et du "réchauffement de l'Atlantique nord, dû au changement climatique incontrôlé", causé par les émissions humaines de gaz à effet de serre, a expliqué la ministre de l'Environnement, Marina Silva. Des études récentes citées par le New York Times soulignent que la déforestation, les feux de forêt et le réchauffement climatique sont autant de facteurs qui rendent "le poumon vert de la planète" de plus en plus vulnérable face aux sécheresses extrêmes.

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