Eau : Oxfam dénonce un "accaparement par les multinationales" en France et dans le monde

Dans un rapport, l'ONG déplore une "augmentation insoutenable de la consommation mondiale d'eau" malgré le changement climatique et les sécheresses à répétition. Elle estime que la France "gère encore sa ressource comme si elle était abondante".
Article rédigé par franceinfo
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Deux femmes extraient de l'eau d'un puits, le 12 janvier 2023 à Kelafo en Ethiopie, qui traverse une sécheresse durable. (EDUARDO SOTERAS / AFP)

Dans un rapport publié jeudi 21 mars, Oxfam dénonce "l'accaparement de l'eau par les multinationales" en France et dans le monde. Le document de 32 pages de l'ONG cible notamment l'industrie et l'agroalimentaire et alerte sur les risques pour la ressource en eau – une personne sur trois n'a pas accès à une eau potable salubre dans le monde, selon l'ONUdans un contexte de raréfaction de la ressource en raison du changement climatique.

Oxfam dénonce aussi une "augmentation insoutenable de la consommation mondiale d'eau liée à un modèle économique extractiviste et ultra-productiviste", avec une conséquence : des risques sur "les droits humains". Les grandes entreprises et leurs pratiques sont visées par l'ONG, dont les conclusions interviennent à la veille de la Journée mondiale de l'eau, vendredi 22 mars.

"Le secteur privé s'empare de la ressource et la pollue au détriment des populations pour faire des profits, ce qui accroît encore les inégalités d'accès."

Oxfam

dans son rapport

L'ONG s'inquiète d'un "accaparement [qui] s'inscrit dans une logique néocoloniale visant à satisfaire les besoins de consommation des pays du Nord au détriment des pays du Sud".

"S'adapter à la raréfaction"

Plusieurs exemples sont cités, comme l'importation par les pays riches de produits qui consomment beaucoup d'eau, l'installation d'industries polluantes ou l'exploitation de minéraux rares gourmands en eau dans des territoires en stress hydrique. Oxfam explique ainsi que l'Ethiopie "a exporté pour 4,1 milliards de dollars de marchandises", notamment du café, de la viande et des fleurs, alors que le pays subit une sécheresse historique et durable.

L'ONG prend également l'exemple d'une compagnie pétrolière en Colombie, Perenco, qui "doit extraire neuf barils d'eau pour produire un baril de pétrole". Elle épingle également l'industrie de l'eau en bouteille. "Dans de nombreux cas, les entreprises misent sur les pénuries d'eau, qu'elles accentuent elles-mêmes", analyse Quentin Ghesquière, chargé de campagne à Oxfam. Et de rappeler que l'eau en bouteille est vendue "150 à 1 000 fois plus cher que l'eau du robinet" et cite notamment l'exemple de Danone, qui menace la ressource en eau.

Oxfam juge enfin que la France "gère encore sa ressource comme si elle était abondante alors qu'elle devrait s'adapter à sa raréfaction". Elle souligne l'impact de l'agriculture sur la ressource et épingle les retenues d'eau, appelées "méga-bassines" par leurs opposants, financées en grande partie par de l'argent public. Parmi les solutions avancées, l'ONG propose de "créer un cadre normatif pour réguler les multinationales, au niveau international et européen" et insiste aussi sur la nécessité pour l'agro-industrie de changer ses pratiques.

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