Climat : "60% de la zone de production de semences en France soumise à un risque fort ou extrême d'ici 2050", selon une étude

Pour pallier notamment le manque d'eau à venir, les agriculteurs devront avancer les semences, voire en changer.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Sécheresse en France (photo d'illustration). (NATHALIE COL / RADIO FRANCE)

D'ici 2050, "60% de la zone de production des semences sera soumise à un risque fort ou extrême" en raison du réchauffement climatique, alerte mardi 27 février sur France Inter Antoine Denoix, PDG d'Axa Climate, à l'occasion d'une étude sur l'impact du manque d'eau et des hausses des températures sur cette filière.

À l'occasion du Salon international de l'agriculture, Axa Climate publie mardi avec l'interprofession des semences et plants (Semae) les résultats d'une étude sur le devenir de plusieurs filières françaises de semences de légumes, de légumineuses ou encore de céréales d'ici 2030. Il en ressort qu'aucune région ne sera épargnée par le dérèglement climatique. "Ça touche tout le territoire", assure ainsi Antoine Denoix.

 "Le manque d'eau est le risque numéro 1"

Le PDG d'Axa Climate explique que "la production de semences représente en France à peu près 380 000 hectares". Si en 2024, "27%" de cette zone est déjà soumise à un risque climatique sévère, cette proportion grimpera à "60% en 2050". Les conséquences du réchauffement climatique toucheront également "toutes les cultures". Sur les 18 légumes et céréales étudiés par ce rapport, "seul l'orge de printemps s'en sort parce qu'il y a moins de gel printanier", affirme Antoine Denoix.

L'étude prévient que "le manque d'eau est le risque numéro 1" pour les filières, et qu'il "va s'aggraver" au fil des décennies. L'étude estime à "54% la part du risque lié à la disponibilité de l'eau dans les moments critiques des cultures de semences". Axa Climate évoque également le risque lié aux excès de chaleur qui augmentera "de 30% dès 2030". Son PDG Antoine Denoix prend notamment l'exemple de la Drôme. "En juillet, la température de 37 degrés qui était dépassée historiquement une année sur dix le sera tous les deux ans en 2030."

S'adapter

Face à ce constat, les filières devront s'adapter d'abord géographiquement, selon Antoine Denoix. "Le sud de la France sera particulièrement touché du fait de la hausse des températures et du risque de sécheresse en printemps et en été", précise l'étude. Le patron d'Axa Climate assure ainsi que "le maïs, qu'on a plutôt l'habitude de voir dans le Sud-Ouest, va remonter au nord de Paris". "Le trèfle, qu'on voit plutôt dans les prairies d'Indre et du Cher, va remonter au niveau des Ardennes et du Pas-de-Calais", ajoute-t-il. Le dérèglement climatique va également bouleverser les dates des semis : "On plante de manière plus précoce maintenant", constate Antoine Denoix. Il observe ainsi que pour le maïs les dates de semi étaient auparavant "fin avril" et qu'on "sera fin mars" dans les prochaines décennies.

Enfin, selon l'étude cette adaptation passera également par un changement de semences. Antoine Denoix estime qu'on va "cultiver à peu près onze nouvelles semences en France dans les dix ou vingt prochaines années". Il cite notamment le cas de la "lentille qui vient d'Asie, et du pois chiche qui vient de la Méditerranée". Cela signifie que les agriculteurs devront par exemple "recommencer à produire massivement de la semence de lentilles et des variétés qu'on va petit à petit ajuster pour les rendre plus résilientes".


Méthodologie
Pour arriver à ce constat, les scientifiques ont étudié 18 légumes et céréales au total. Ils se sont appuyés sur les données issues du dernier rapport du Giec tout en faisant appel à des experts : "On part de la prédiction de la science [et] on modélise le climat et l'agronomie pour arriver à comprendre les différents stades de développement de la plante et de la culture", ajoute ainsi le patron d'Axa Climate.

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