Changement climatique : "Avec des températures au-delà de 48 degrés, la tendance lourde est sans ambiguïté", prévient Copernicus
Le service européen sur le changement climatique a publié son rapport annuel sur le climat européen vendredi. Selon son directeur, l'été dernier a été "du jamais vu" en matière notamment de canicules.
Été le plus chaud de l'histoire, incendies exceptionnels, inondations dévastatrices : "La tendance lourde [de la météo] à long terme à l'échelle mondiale est sans ambiguïté", a affirmé vendredi 22 avril sur franceinfo Jean-Noël Thépaut, directeur de Copernicus, le service européen sur le changement climatique qui publie son rapport annuel sur le climat européen. Jean-Noël Thépaut souligne notamment "des records de températures en Espagne et en Sicile", avec "des températures au-delà de 48 degrés, du jamais vu". Copernicus entend "régulièrement documenter ce qui est en train de se passer pour alerter les autorités compétentes" sur le changement climatique en cours.
franceinfo : L'été 2021 a-t-il été celui de tous les extrêmes ?
Jean-Noël Thépaut : Les données que l'on vient d'analyser et de consolider indiquent qu'au niveau de l'Europe, l'année a été une année un peu plus chaude que la moyenne mais pas exceptionnelle. En revanche, l'été a été le plus chaud jamais enregistré, 1°C à peu près au-dessus de la moyenne 1991-2020, période qui est la référence préconisée par l'Organisation mondiale de la météo. Par ailleurs, il y a eu un lot d'évènements associés aux températures extrêmes, notamment des canicules très importantes puisqu'on a connu des records de températures en Espagne et en Sicile. Ce record est encore en train d'être homologué par l'Organisation mondiale de la météo et indiquerait des températures au-delà de 48 degrés. C'est du jamais vu.
Vous notez également un record des sécheresses et incendies de forêts ?
Les incendies ont été très nombreux en Grèce, en Italie et en Turquie. Le sud de l'Europe a été pas mal affecté. Selon un autre résultat que nous avons également publié, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial, l'année 2021 se classant entre la cinquième et la septième place. Sachant que l'on a des données fiables depuis 150 ans, c'est quand même très important. La tendance lourde à long terme à l'échelle mondiale est donc sans ambiguïté.
L'Europe se réchauffe-t-elle plus vite que l'ensemble de la planète ?
Il y a plus de terre que de mers en Europe. Les surfaces continentales ont tendance à se réchauffer plus vite. L'Europe en fait donc effectivement partie. Au niveau mondial, on est à peu près à 1,1°C ou 1,2°C [de plus] par rapport à la période préindustrielle. Au niveau de l'Europe, on est plutôt de l'ordre de 2°C ou un petit peu plus.
Constatez-vous également qu'il y a moins de vent par endroits ?
2021 a effectivement indiqué que le vent a été plutôt faible dans une partie de l'Europe occidentale et centrale, au Royaume-Uni et en Allemagne. En déduire quelque chose d'un point de vue climatique, c'est peut-être un peu compliqué, parce qu'il y a quand même plusieurs facteurs : rugosités, urbanisation, déforestation, mais aussi la variabilité annuelle. C'est quelque chose qu'on surveille maintenant de près parce que cela a un impact sur le potentiel éolien. Mais effectivement, 2021 n'a pas été une année à forts vents.
On comprend que l'heure est grave. Avez-vous l'impression de crier dans le vide ?
Notre travail est de fournir de la donnée et de l'information. Les rapports du Giec alertent la société et les gouvernements. Je pense qu'il faut garder l'œil sur le ballon, comme on dit. Il faut donc régulièrement publier et documenter ce qui est en train de se passer, pour alerter les autorités compétentes.
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