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"En Afrique, ce n'est pas comme en Europe" : à la COP27, les jeunes militants des pays du Sud comparent leurs méthodes avec ceux du Nord

Alors qu'en Europe, une partie du mouvement pour le climat se radicalise avec des actions coup de poing, en Afrique, les jeunes privilégient les actions concrètes sur le terrain.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des participants à la COP27 dans le pavillon Enfants et Jeunesse, à Charm el-Cheikh en Egypte, le 6 novembre 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"On ne peut pas boycotter l'école pour faire des grèves quand on sait que l'école, c'est un luxe pour beaucoup." Marie-Christina Kolo vit à Madagascar. Elle est militante pour la jeunesse et les droits des femmes depuis qu'elle a huit ans et elle participe à la COP27 en Egypte, et à la journée de la jeunesse et des générations futures, jeudi 10 novembre. Elle explique que dans les communautés pauvres, qui sont majoritaires dans son pays, l'action des jeunes pour le climat est essentiellement tournée vers les familles. Les activistes essayent de donner les clés du développement en faisant le lien entre préservation de l'environnement et économie. "On apprend par exemple comment fabriquer des serviettes hygiéniques lavables, explique Marie-Christina Kolo. Le but, c'est qu'elles soient fabriquées au niveau des communautés, pour que ça ait un impact positif à la fois sur la santé mais aussi sur l'environnement. On fait la même chose pour apprendre à faire du biogaz, ou des pavés autobloquants par exemple. Ce sont des choses très pratiques, qui peuvent aussi servir d'activités génératrices de revenus." 

"On montre que prendre soin de l'environnement, c'est une manière de se développer et d'apporter de la richesse à notre pays."

Marie-Christina Kolo, militante pour la jeunesse et le droit des femmes à Madagascar

à franceinfo

Pas possible non plus de manifester en Afrique comme en Europe, explique Ina-Maria Shikongo. Elle vit en Namibie et passe davantage par le développement que par la protestation pour véhiculer ses idées. "Pour nous, en Afrique, ce n'est pas comme en Europe. On n'a pas forcément toutes les libertés qu'ont les gens en Europe. On essaye de créer des projets qui aident la communauté parce que c'est à nous de faire le premier pas.", explique-t-elle.

>> REPLAY. COP27 : les COP servent-elles à quelque chose ? Le débat du Talk franceinfo

Ina-Maria Shikongo a fondé l'antenne locale de Youth for Climate, le mouvement lancé par Greta Thunberg. Chez elle, les jeunes cherchent des fonds pour soutenir les communautés. Ils essayent aussi de développer l'agriculture et la plantation des arbres. "On parle aussi avec nos parlementaires, nuance-t-elle, mais on travaille également avec les communautés pour essayer d'améliorer la vie de notre peuple, parce que c'est ça qui est plus important."

Dans ces pays pauvres, les mouvements des jeunes pour le climat se substituent donc aux Etats. Il n'y a pas besoin d'alerter sur l'urgence climatique, disent-il, car les populations en subissent les effets de plein fouet. 

COP27 : dans les pays du Sud, les jeunes militants doivent concilier climat et développement

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