Loi climat : "C'est un tout petit pas en avant", regrette Isabelle Autissier, présidente d'honneur de WWF
L'Assemblée nationale a adopté mardi en première lecture le projet de loi climat, à 332 voix contre 77 et 145 abstentions. Mais avec cette loi, "nous sommes très loin du compte" selon la présidente d'honneur du WWF.
"C'est un tout petit pas en avant", a regretté mardi 4 mai sur franceinfo la présidente d'honneur de WWF, Isabelle Autissier, quelques minutes après le vote à l'Assemblée nationale du projet de loi climat, adopté par 332 voix pour et 77 contre. "C'était la dernière grande occasion pour le gouvernement de vraiment frapper fort sur le climat", selon elle. La présidente d'honneur de WWF dénonce "le lobbying" et assure que "les citoyens sont prêts à en faire beaucoup plus que ce que l'on pense."
franceinfo : Ce texte a donc était voté à l'Assemblée nationale. C'est un pas en avant ou c'est une occasion manquée ?
Isabelle Autissier : C'est un tout petit pas en avant. Nous sommes loin de ce qu'il faudrait. Je vous rappelle que l'Union européenne a affiché un objectif de 55% de réduction de gaz à effet de serre en 2030. Cette loi est bien en dessous. C'était la dernière grande loi du quinquennat, la dernière grande occasion pour le gouvernement de vraiment frapper fort sur le climat parce qu'il y a vraiment urgence absolue. Je ne dis pas que tout est à mettre à la poubelle, bien sûr. Mais malheureusement, nous sommes très loin du compte.
Pour vous, la prise de conscience du risque n'est pas encore là ?
Je pense qu'elle est là parmi les citoyens. Je pense qu'à chaque fois qu'on fait des sondages, les gens disent qu'ils ont carrément peur du dérèglement climatique parce qu'ils commencent à en mesurer les effets dans leur vie quotidienne. Et ce n'est qu'un début, malheureusement.
"Je pense que c'est à cause d'une certaine frilosité politique parce que les citoyens sont prêts à en faire beaucoup plus que ce que l'on pense et ils le disent."
Isabelle Autissier, présidente d'honneur de WWFà franceinfo
Ce qui est extraordinaire, c'est que toutes ces transformations écologiques, cette nouvelle façon de se comporter, ça crée des centaines de milliers d'emplois. Bien sûr, ça en détruit dans d'autres domaines, mais ça crée infiniment plus dans d'autres domaines. Même d'un point de vue social, on serait gagnant à accélérer sur cette transition énergétique. C'est ce qu'a assez bien compris Joe Biden et il va foncer dans ce créneau.
Y a-t-il une crainte de brusquer la population ? Est-ce une question de lobbying et d'intérêts qui pèsent ?
Bien sûr, il y a du lobbying. Bien sûr, les gens qui aujourd'hui se satisfont économiquement et politiquement de certaines situations, ils n'ont pas envie d'en changer. Mais encore une fois, je pense que la population, elle, est prête à changer beaucoup plus de choses qu'elle ne croit elle-même. Donc, je pense qu'il y a une espèce de tragique mauvaise compréhension parce que effectivement, il y a une frilosité. Il y a un laisser aller vis-à-vis d'un certain nombre d'intérêts qui aboutissent au fait que l'on ne va pas assez vite. On va le payer durement.
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