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Conférence environnementale : satisfaction, attentes et déception

Ouverture en grande pompe aujourd'hui de la conférence environnementale. Deux jours de débats, cinq axes majeurs (énergies, biodiversité, fiscalité, gouvernance et santé) et des annonces concrètes. Des mesures qui provoquent différentes réactions, de la joie à la déception. Tour d'horizon.
Article rédigé par Rémi Ink
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Jacky Naegelen Reuters)

Cinq ans après le Grenelle de l'Environnement, François Hollande
ouvre aujourd'hui la conférence environnementale. Près de 300 participants (élus,
syndicats, associations,...) et 14 ministres au travail avec un objectif :
fixer une nouvelle feuille de route " verte ".

François Hollande n'est pas venu les mains vides et annonce une
série de mesures dont trois principales :

fermeture de la centrale de Fessenheim fin 2016 rejet de sept demandes de permis d'exploration d'hydrocarbures dans
la moitié sud de la France, considérant qu'elles visent les gaz de schiste création d'une Agence
nationale de la biodiversité

Le service après-vente

Devant ces mesures, certains applaudissent des deux mains. L'écologiste
Cécile Duflot, ministre de l'Égalité des territoires et du Logement confie son
émotion dans un tweet.

La ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, estime que François
Hollande a fixé un "cap très clair" . "C'est un discours
fondateur pour le quinquennat, un discours à l'échelle d'une ambition nouvelle pour la France"
, indique la ministre.

L'eurodéputé écologiste José Bové se réjouit que le président de la
République ait "sans ambiguïté fermé la porte aux gaz de schiste."

Satisfaction également de Nicolas Hulot. "Le job est fait"
pour l'inspirateur du Grenelle de l'Environnement qui évoque une "feuille
de route et des objectifs assez clairs et des financements du long terme qui sont
évoqués"
. Nicolas Hulot émet une retenue cependant : "toutes
les difficultés commencent maintenant"
, explique-t-il.

De l'attente sur
les moyens engagés

Comme Nicolas
Hulot, beaucoup se félicitent des avancées mais évoquent encore des zones d'ombres.
Jean-François Julliard, directeur exécutif de Greenpeace-France explique :"Il y a une ambition, de bonnes directions, mais encore beaucoup de
points d'interrogation. Sur le rejet des permis d'exploration des gaz de
schiste, ce qu'on aimerait comprendre maintenant, c'est: est-ce que cela veut
dire qu'il n'y aura aucun permis donné pour explorer des hydrocarbures non
conventionnels (principalement gaz et huiles de schiste) pendant le
quinquennat?"

Bruno Genty, président de France Nature Environnement évoque la
question "des moyens" engagés "pour réussir cette transition écologique."

Satisfaction générale sur les annonces mais une attente sur la
suite à donner, c'est également le sentiment de Benoit Hartmann, le président de
France Nature Environnement. "Si on arrive à fermer une centrale en
quatre ans, on fera mieux que ce qu'on fait depuis plus de 10 ans où on arrive
pas à en démanteler une"
, explique-t-il. Il répond aux questions de François
Lepage.

La déception

Devant les annonces de François Hollande, certains s'annoncent même
déçus. Fermer
la centrale de Fessenheim fin 2016 ? Une décision qui va "dans le
bon sens mais l'échéance est trop tardive"
, estiment les associations
antinucléaires. "C'est un pas en
avant mais il est beaucoup trop petit"
, commente André Hatz, de
l'association Stop Fessenheim.

Si Cécile Duflot qualifie le discours de François Hollande d' "historique" ,
sa propre mère n'est pas de son avis. Marie-Paule Duflot, présidente de Nature
Environnement, en Seine et Marne se dit très déçue des propositions du
président de la République sur les gaz de schiste. "Il rejette les
demandes en cours mais les permis déjà accordés ne sont pas supprimés"
,
déplore-t-elle.

La présidente du Medef Laurence Parisot a elle décidé de voir
cette conférence à travers le prisme de son domaine de compétence. Ainsi, elle
se dit "préoccupée" estimant qu'il n'y a pas de "réflexion suffisamment
avancée sur le modèle économique"
pour atteindre les ambitions affichées
par François Hollande.

Beaucoup de critiques montent également de la droite. Le député
UMP des Alpes-Maritimes et ancien ministre de l'Industrie Christian Estrosi réclame
une commission d'enquête parlementaire sur l'exploitation du gaz de schiste. Et de se demander : "Avec l'augmentation continue des prix du gaz, pouvons-nous
dire non à une production permettant de faire baisser durablement les prix à la
consommation?"

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