Cet article date de plus de deux ans.

Climat : il faut intégrer le fait que "plus deux degrés de moyenne dans le monde, c'est plus quatre degrés en France", plaide le sénateur Ronan Dantec

Le sénateur Ronan Dantec est le co-auteur d'un rapport en 2019 sur les problèmes d'adaptation du pays face aux conséquences du dérèglement climatique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des touristes regardent la fumée de l'incendie de forêt de la Teste-de-Buche,, le 18 juillet 2022. (OLIVIER MORIN / AFP)

Les incendies qui ravagent plusieurs forêts de l'ouest de la France depuis une semaine soulèvent les problèmes d'adaptation du pays face aux conséquences du dérèglement climatique. Pour le sénateur de Loire-Atlantique Ronan Dantec, co-auteur d'un rapport en 2019 sur le sujet, le temps est à l'action et il faut "positionner toutes nos politiques publiques" dans le sens de l'adaptation.

franceinfo : Est-il encore temps de modifier nos modes de culture et de vie pour faire face au dérèglement climatique ?

Ronan Dantec : Je crois que les préconisations essentielles qui sont sur la table depuis un certain nombre d'années sont encore plus d'actualité et suffisantes si on se pose les bonnes questions. Nous avons une loi d'orientation climat énergie qui va être discutée au Parlement début 2023. Il y a déjà des groupes de travail qui se penchent sur la question. Je crois qu'il faut désormais accepter une norme de montée des températures aux alentours de quatre degrés vers le milieu du XXIe siècle et positionner toutes nos politiques publiques à l'échelle de ces quatre degrés. C'est ça qu'on n'ose pas faire.

Faut-il privilégier la sobriété ou l'adaptation ?

Il faut évidemment poursuivre les politiques de réduction des émissions. Mais il faut être bien conscient qu'aujourd'hui, après la COP de Glasgow, les engagements des Etats qui sont sur la table nous mènent à une augmentation des températures avant la stabilisation vers les 2-3 °C au niveau mondial, ce qui fait à peu près quatre degrés en France et correspond déjà à un effort d'innovation très important donc il ne s'agit pas d'opposer atténuation et adaptation. Mais il faut aussi maintenant voir les choses en face : la France vivra avec plus 4 °C dans quelques décennies. Cela veut dire une montée des eaux, des risques d'incendie, cela veut dire, par exemple, qu'on a des écoles où, si on continue comme ça, il sera impossible de donner des cours au mois de juin.

Donc, il faut intégrer tout ça aujourd'hui et, point extraordinairement important, dans tous les investissements dans les territoires. Aujourd'hui, on a des plans climat-air-énergie territorial (PCAET) qui sont obligatoires dans les intercommunalités avec des obligations de diagnostics de vulnérabilité par rapport au changement climatique. Mais ces plans climat sont insuffisamment investis par les territoires et insuffisamment soutenus par l'Etat.

Quels sont les moyens d'y arriver ?

Je crois que là, on a une priorité absolue et une priorité absolue de débats collectifs. Il m'arrive d'être très critique sur ce gouvernement, mais il faut reconnaître que la prochaine loi de programmation énergie climat (LPEC) va monter le Programme national d'adaptation au changement climatique (Pnacc), au même niveau que la stratégie bas carbone et la programmation pluriannuelle de l'énergie. C'est une bonne chose. Ça doit être l'occasion d'un grand débat national sur l'effort à faire, qui doit être un effort qui va du citoyen à l'Etat en passant par les collectivités et toutes les grandes filières économiques.

C'est le moment d'avoir ce grand débat. Je crois qu'il faut capter l'émotion actuelle pour l'amener vers de vraies solutions. On parle tout le temps des petits gestes du quotidien : ils sont importants mais on sait aussi qu'ils restent assez marginaux. Par exemple, des gestes qui nous coûtent très cher, ce sont tous ceux qui s'opposent au développement de l'éolien parce qu'ils ont peur que ça réduise la qualité de leurs paysages, la valeur de leur résidence secondaire. Ces gens-là, et ils sont nombreux, c'est un peu nous tous à un moment, jouent très clairement contre la lutte contre le réchauffement.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.