Cinq climatologues de renom exhortent le Giec, dans l'édition de la revue Nature parue mercredi, à se transformer

Ils estiment que c'est la seule manière pour le Groupe d'experts intergouvernemental de l'Onu sur l'évolution du climat pour restaurer la confiance ébranlée par des erreurs.

Des allégations selon lesquelles les glaciers de l'Himalaya pourraient fondre d'ici 2035, exagérant le dégel, ont montré des lacunes dans la vérification des sources du Giec.

Créé il y a plus de 20 ans, auréolé d'un prix Nobel de la Paix en 2007, le Giec publie tous les 6 ou 7 ans un rapport qui sert de référence dans les négociations internationales sur le changement climatique.

Dans une tribune publiée mercredi dans la revue Nature et intitulée Le Giec, faut-il le révérer, le transformer ou le supprimer ?, les cinq scientifiques avancent des propositions, allant d'une fréquence de publication beaucoup plus rapide à la création d'un instrument permettant un "débat ouvert" de type Wikipedia.

Depuis trois mois, les polémiques, alimentées par un pilonnage systématique d'une partie de la presse britannique, se multiplient au sujet de cet organisme créé par le Programme des Nations unies pour l'environnement et l'Organisation météorologique mondiale. Elles mettent la pression sur cet organisme qui a largement contribué, par ses travaux, à placer l'urgence climatique sur le devant de la scène diplomatique.

Peu avant le sommet mondial de Copenhague avait éclaté l'affaire du "Climategate": des milliers de courriels des climatologues réputés ayant collaboré avec le Giec avaient été publiés sur internet. Certains d'entre eux, pris isolément, laissant penser qu'ils ont masqué des données contredisant le réchauffement planétaire.

Plus embêtant pour un organisme chargé d'éclairer les décisions des politiques: le Giec a admis en janvier qu'il avait commis une "regrettable erreur" en affirmant, dans son dernier rapport en 2007, que les glaciers de l'Himalaya reculaient plus vite que les autres glaciers du monde et "pourraient disparaître d'ici 2035, voire avant".

Son président, l'Indien Rajendra Pachauri, qui a écarté toute idée de démission, met en avant "un historique d'évaluations transparentes et objectives sur plus de 21 ans, établies par des dizaines de milliers de scientifiques de tous les coins de la planète".

Les propositions des chercheurs
Mike Hulme, de l'université d'East Anglia, au Royaume-Uni, suggère de dissoudre le Giec après la publication du prochain rapport, en 2014, et de mettre en place trois entités distinctes: la première, chargée des connaissances scientifiques, publierait régulièrement de courtes synthèses sur l'état des connaissances, la deuxième se concentrerait sur les impacts régionaux et la troisième sur les réponses politiques possibles.

Pour Thomas Stocker, de l'université de Bern, en Suisse, le Giec ne doit en aucun cas "céder à la pression" de publier toujours plus vite et doit revendiquer sans complexes, dans un débat souvent passionnel, un rapport au temps différent de celui des ONG, institutions ou groupes de pression.

Eduardo Zorita, du centre de recherche GKSS, situé près de Hambourg en Allemagne, suggère de le transformer en une agence indépendante, citant en exemple l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Pour John Christy, de l'Université d'Alabama, aux Etats-Unis, la seule façon de refléter "l'hétérogénéité des points de vue scientifiques", serait de créer une sorte de "Wikipedia-Giec". "Le résultat serait plus utile que de gros livres et offrirait une représentation plus honnête de ce que notre science naissante peut offrir."