Un plan gouvernemental pour réguler la population de loups en France : "La cible c’est la prédation", défend la fédération nationale ovine
La réunion de présentation du plan loup 2024-2029 se tient à huis clos lundi 18 septembre à Lyon tant le dossier est politiquement sensible. Représentants du monde agricole, élus, chasseurs, administrations et associations de protection de la nature y sont conviés. Si le gouvernement se félicite "d'avoir sauvé l'espèce en termes de biodiversité", selon les termes du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, la tendance est claire : il va falloir réguler la population. En 2022, les éleveurs ont déploré plus de 12 000 attaques de bêtes.
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"La cible n'est pas le loup, la cible c'est la prédation", assure Claude Font, secrétaire général de la fédération nationale ovine (FNO), lundi sur France Bleu Pays d'Auvergne. Il estime que le loup est indéniablement "en voie d'expansion notable". Début septembre, la population des loups en France était estimée à 1 104 individus (contre 906 auparavant), selon l'Office français de la biodiversité (OFB).
"La prédation concerne maintenant 55 départements."
Claude Font, secrétaire général de la fédération nationale ovineÀ franceinfo
"Malgré les mesures de protection, les interventions, on n'arrive pas à baisser cette pression de prédation que connaissent les éleveurs et des fois depuis plus de 30 ans", plaide Claude Font.
En 2022, 169 loups ont été abattus
Le gouvernement entend donc faciliter les protocoles de tirs contre le loup, a appris jeudi dernier franceinfo auprès d'une source proche du dossier. Il prévoit d'adapter le taux de prélèvement fixé aujourd'hui à 19% de la population lupine, soit jusqu'à 209 loups abattables pour l'année 2023. En 2022, 169 loups ont été abattus sur le quota de 174 autorisés. "Ce ratio ne devrait pas bouger, mais il y a un travail sur l'estimation de la population de loup qui est faite par l'office français de la biodiversité qui est, chaque année, issue des relevés d'indices et des analyses génétiques. C'est indispensable qu'on soit au plus près du chiffre de population de loups au niveau national parce que de ce chiffre dépend le taux de prélèvements que l'on peut faire", argumente Claude Font qui souhaite également que les louvetiers ne soient plus les seuls à intervenir : "Les mesures de protections à elles seules ne sont pas suffisantes. Il faut associer les mesures de protection avec une possibilité de tirs par les éleveurs, les chasseurs ou les louvetiers, pour protéger les troupeaux".
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Un plan "totalement déséquilibré", condamne de son côté Jean-David Abel, vice-président France Nature Environnement et membre du groupe national loup lundi sur France Bleu Pays de Savoie.
"En 2017, il y avait, pour un loup présent, 33 victimes par an. En 2022, on est à 13 victimes par loup présent."
Jean-David Abel, vice-président France Nature Environnementà franceinfo
"La protection massive maintenant mise en place par la quasi-totalité des éleveurs marche complètement, défend Jean-David Abel, et le gouvernement se trompe en donnant le signal que c’est uniquement par le tir qu’on va pouvoir coexister avec l’espèce".
Le vice-président de FNE dénonce un "affichage politique complet. Bien sûr que le tir est une possibilité, c’est prévu dans le statut de protection du loup, mais par contre, le fait de donner cette part prépondérante aux annonces est une absurdité et un non-sens. Ce ne sont jamais les tirs qui protégeront les troupeaux toute l’année, jour et nuit, aussi bien en montagne qu’en plaine."
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