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"Tous les groupes d'espèces en France sont frappés par la crise d'érosion de la biodiversité", alerte l’Union internationale pour la conservation de la nature

À l'occasion de la journée mondiale de la vie sauvage, mercredi 3 mars, l'Office français de la biodiversité, le Muséum d'histoire naturelle et l'UICN estiment que près de 20% des espèces sont menacées en France.

Article rédigé par franceinfo
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Un lynx dans le Domaine des Grottes de Han (Belgique), le 13 février 2021. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

La situation de la faune et de la flore sauvages s'est dégradée en 13 ans en France, avertissent l'Office français de la biodiversité (OFB), le Muséum d'histoire naturelle et l'UICN, mercredi 3 mars à l'occasion de la journée mondiale de vie sauvage. Plus de 17% des espèces sont menacées dans notre pays. Un constat "préoccupant" selon Florian Kirchner, chargé de programmes "espèces" au comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), mais il estime que "quand il n’est pas trop tard, et que l’on mène des efforts, on peut encore sauver des espèces".

franceinfo : La photographie de la biodiversité en France est-elle inquiétante ?

Florian Kirchner : Effectivement. C'est un travail d'analyse que l’on mène avec des scientifiques partout en France et le tableau qui en résulte est assez préoccupant. Tous les groupes d'espèces en France, malheureusement, sont frappés par la crise d'érosion de la biodiversité. On a par exemple 8 à 12% des espèces de plantes et des espèces d'insectes qui risquent de disparaître, autour de 20% pour les amphibiens ou les poissons d'eau douce et jusqu'à 30% d'oiseaux qui sont menacés en France.

Parmi les espèces menacées, il y a des animaux emblématiques comme le lynx en France, des poissons comme l'esturgeon européen, des grands oiseaux comme le gypaète barbu. Il y a aussi beaucoup de petites espèces, des plantes comme la violette de Rouen ou des insectes comme les papillons azurés. C’est tout le tissu vivant de la biodiversité qui nous entoure qui est frappée par la crise. Ce sont des espèces qui risquent de disparaître dans 30, 40 ou 50 ans si on n'agit pas urgemment.

Est-il encore temps de sauver des espèces ?

Heureusement, c'est réversible. Simplement, quand une espèce disparaît, il est déjà trop tard et malheureusement, on a déjà des exemples d'espèces disparues. Mais tant qu'il reste suffisamment d'animaux ou de plantes, on peut résorber des situations, même dramatiques. Il y a heureusement des bonnes nouvelles parfois, et des espèces qu'on arrive à sauver de l'extinction.

Parmi les animaux connus, la loutre est un bon exemple. La loutre était extrêmement menacée en France il y a encore 50 ans, parce qu'elle était chassée et que les rivières étaient en très mauvaise santé. Grâce à l'action des pouvoirs publics et des associations sur le terrain, petit à petit, elle a remonté la pente parce qu'on l’a protégée, parce que la qualité des eaux s'est améliorée. Et aujourd'hui, la loutre, c'est un animal dont on dit qu'il est en reconquête de territoire, c'est-à-dire qu'il est en train de retrouver petit à petit tous les habitats naturels dont il avait disparu. Et il n'est plus menacé dans la liste rouge. Quand il n’est pas trop tard et qu'on mène des efforts, on peut encore sauver des espèces.

Quelles sont les causes de ces chiffres assez terrifiants ?

Cela vient surtout de la destruction des habitats naturels. Par exemple, notre artificialisation du territoire du fait de l'urbanisation, la construction de zones commerciales ou de routes. Ça grignote des habitats naturels qui sont des habitats dont les espèces sauvages ont besoin pour vivre. C'est aussi l'uniformisation des cultures avec l'intensification des pratiques agricoles. Et puis, il faut ajouter les pollutions chimiques ou pollutions plastiques et la nouvelle menace du changement climatique. On observe quand même ces années des mouvements d'opinion de plus en plus forts, on sent bien que les citoyens réclament qu'on fasse différemment, qu'on continue à produire et à consommer, mais sans détruire la nature. Et c'est vraiment là que la clé se trouve. Il faut qu'on revoie nos modes de production et de consommation pour subvenir à nos besoins. Mais en arrêtant de détruire la nature qui nous entoure.

Est-ce particulièrement grave chez nous, en France ?

La France est spécialement concernée parce que la France est un pays de très forte biodiversité. Mais malheureusement, le constat est général à l'échelle de la planète et la France fait simplement partie du grand nombre de pays qui sont frappés par la crise de la biodiversité.

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