: Reportage "Une réelle reprise de biodiversité" : en Normandie, la destruction de deux barrages fait renaître la nature
Le projet de destruction des barrages hydroélectriques de Vézins et de La Roche-qui-Boit, situés sur la Sélune, dans le Sud Manche, remonte au Grenelle de l'environnement de 2007. Il s'est réellement concrétisé fin 2022 avec la destruction du deuxième ouvrage. Depuis, en quelques mois, la nature a repris ses droits et les poissons migrateurs sont de retour.
Les chercheurs l'ont constaté très rapidement après la destruction des barrages. Laura Soisson, responsable du programme scientifique de la Sélune à l'INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), observe le retour du saumon atlantique."Il est remonté presque en même temps que la fin des travaux, dit-elle. Et maintenant, on a aussi vu qu'il y a reproduction. Donc on peut dire qu'en moins d'un an après l'effacement des barrages, les poissons migrateurs sont en effet remontés dans des zones qui leur étaient fermées jusqu'à présent".
Une eau de meilleure qualité
Mais les saumons ne sont pas les seuls à pouvoir désormais remonter le cours d'eau. Les anguilles ou les lamproies marines ont elles aussi retrouvé un habitat plus vaste. "C'est important pour la conservation de l'espèce, poursuit Laura Soisson. On ouvre un nouvel habitat et de nouvelles zones potentielles de reproduction, notamment pour le saumon. Ce sont aussi des zones de résidence pour l'anguille par exemple, qui va passer l'essentiel de sa vie en rivière. Donc cela permet d'étendre un petit peu l'habitat de ces espèces. C'est pour cela que c'est important".
La disparition de ces barrages profite également à d'autres espèces. "Il y avait un enjeu au niveau de la qualité de l'eau dans les lacs de retenue, derrière les barrages. Il y avait une eau stagnante et la production de cyanobactéries toxiques, donc qui engendraient des gros problèmes au niveau de l'état de santé du milieu".
Des réactions mitigées des habitants
Pourtant, malgré ces aspects positifs, ce projet de destruction des barrages de la Sélune a rencontré une forte opposition des habitants. Des habitants attachés à ces ouvrages et à leur retenue d'eau. "Imaginez que l'on change votre paysage auquel vous étiez habitués depuis votre enfance, explique Jean-Marc Roussel, directeur de recherche à l'INRAE. Cela crée effectivement une réaction que j'estime légitime. Actuellement, ce que l'on observe, c'est une réelle reprise en biodiversité de l'ensemble de la vallée, ce qui est pour nous un élément assez fort vis-à-vis de travaux importants qui ont été menés sur ce bassin".
Les scientifiques vont continuer à observer l'évolution de la rivière jusqu'en 2027.
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