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COP15 biodiversité : symbole du Canada, le caribou "va mourir de faim" s'inquiètent les militants écologistes

La forêt boréale et la biodiversité canadienne sont de plus en plus menacées par le réchauffement climatique et l'industrie forestière. Reportage au coeur de l'Abitibi-Témiscamingue.

Article rédigé par franceinfo - Justine Leblond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un caribou au Québec. (HENRY, P. / ARCO IMAGES GMBH / MAXPPP)

Difficile d'apercevoir les animaux dans cette réserve de biodiversité des Caribous-de-Val-d'Or, au cœur de la forêt boréale de l'Abitibi-Témiscamingue, au nord-ouest de Montréal : il n'y en a plus de sept dans un enclos de 18 hectares. Dans les années 80, on en comptait pourtant une cinquantaine.

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Cette région, qui abrite cette forêt boréale, que l'on retrouve notamment en Russie, en Scandinavie, et au Canada, est l’un des poumons du monde en matière de puits à carbone. Le militant Henri Jacob, à la tête de l'Action boréale, a été l'un des premiers à s'intéresser aux caribous de cette région canadienne. Selon lui, le renouvellement de la forêt est une cause du déclin de ce cousin du renne européen : "La nourriture principale de caribou est du lichen. Ce champignon commence à s'établir quand une forêt a au moins 60 ans, renseigne le Canadien. Ici, on coupe les forêts à 60 ans donc la nourriture d'hiver du caribou ne pourra pas s'implanter et l'animal va mourir de faim." 

 

De multiples espèces "qui ne vont pas bien"

L'autre facteur de la disparition de l'espèce est la construction de milliers de kilomètres de chemins pour l'exploitation forestière : des routes y sont créées chaque année à travers les bois pour accéder aux exploitations forestières et aux mines. "Des autoroutes à prédateurs", selon les militants, qui mettent avant que les loups ont désormais accès à l'habitat du caribou.

Le caribou forestier est l'espèce dont la situation est la plus critique, mais le caribou dit montagnard et le migrateur enregistrent aussi une baisse de population. "Si cette espèce ne va pas bien, c'est qu'il y a de multiples espèces qui ne vont pas bien, tous les petits mammifères, toutes les espèces d'oiseaux qui ne sont pas étudiés", explique le biologiste Serge Couturier. 

Autre inquiétude : 70% des peuples autochtones vivent dans cette région forestière, comme la communauté Anishnabé, dont Ronald Brazau fait partie. Et ce déclin de la forêt boréale, il le remarque tous les jours : "On parle de stockage de carbone mais il n'y en a plus dedans, il y a tellement de piétinement... C'était vierge il y a à un peu près 20 ans. On était considéré comme un peuple invisible. Là, aujourd’hui, on nous voit, on essaye de nous connaître et tout ça. Il n’y a plus d’arbres pour se cacher."

L'avenir de la forêt en question

Aujourd'hui, moins d’1% de la forêt est coupée chaque année. Mais le gouvernement québécois a une nouvelle ambition : doubler la récolte annuelle d’ici 60 ans, soit 50 millions de mètres cubes de bois coupés chaque année. Le gouvernement québécois écrit ainsi que "l'exploitation forestière ne cause pas le déboisement" puisque "les zones récoltées se régénèrent". Mais, selon les scientifiques, la vieille forêt et son écosystème disparaissent.

Depuis près de dix ans, l'industrie forestière a changé ses pratiques, avec des normes plus respectueuses de l'environnement. Aujourd'hui, tous les compagnies sont certifiées. "On est tenus de tenir compte des parties prenantes dans toutes nos décisions d'aménagement", assure Marie-Eve Sigouin, directrice foresterie du groupe Green First. Avoir 30% d'aires protégées d'ici 2030 est l'un des objectifs de la COP15 biodiversité qui a lieu à Montréal du 7 au 19 décembre. 

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