Cet article date de plus de quatre ans.

Arbres secs, herbe roussie, fougĂšres prĂȘtes Ă  brĂ»ler... A la merci de la moindre Ă©tincelle, la forĂȘt de Fontainebleau a dĂ©jĂ  son aspect d'automne

AprĂšs plusieurs vagues de canicules, les prairies sont complĂštement jaunies par la sĂ©cheresse, mais les forĂȘts françaises aussi en souffrent.

Article rédigé par Anne-Laure Barral - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La forĂȘt de Fontainebleau, en aoĂ»t 2020. (ANNE-LAURE BARRAL / RADIO FRANCE)

MalgrĂ© les pluies de ses derniers jours, les bois craquent sous les pas des promeneurs, en forĂȘt de Fontainebleau (Seine-et-Marne), au sud-est de Paris. Les fougĂšres sont dĂ©jĂ  roussies, des feuilles mortes jonchent le sol. "Tout est accentuĂ© par ce phĂ©nomĂšne de sĂ©cheresse", se dĂ©sole François Faucon, technicien forestier Ă  l’ONF de Fontainebleau. "On s'aperçoit globalement qu'on a un aspect de la forĂȘt automnal qui arrive quasiment Ă  deux mois plus tĂŽt que prĂ©vu."

Il y a eu 20% de pluie en moins cet Ă©tĂ©, selon les derniers chiffres de MĂ©tĂ©o France. La chaleur et l’absence de pluie de cet Ă©tĂ© accĂ©lĂšrent le rythme des saisons. Certains arbres ne rĂ©sistent pas : ils sĂšchent sur pied. "On a par endroit plus de dĂ©pĂ©rissements qu'auparavant, explique le technicien. Le pin sylvestre est trĂšs concernĂ© puisque c'est un pin nordique, les bouleaux ont en partie perdu leurs feuilles..."

François Faucon, technicien forestier Ă  l’ONF, et le lieutenant colonel Olivier Compta, du SDISS de Seine-et-Marne, dans la forĂȘt de Fontainebleau. (ANNE-LAURE BARRAL / RADIO FRANCE)

De la matiĂšre inflammable

Pour le lieutenant-colonel Olivier Compta, du SDISS de Seine-et-Marne, ces arbres secs, cette vĂ©gĂ©tation roussie, c’est de la matiĂšre encore plus inflammable. Sur 22 000 hectares de forĂȘts de Fontainebleau, dix sont partis en fumĂ©e cet Ă©tĂ©. Rien Ă  voir avec les centaines qui ont brĂ»lĂ©s prĂšs d’Istres (Bouches-du-RhĂŽne)  ce mois-ci, mais le pompier francilien a tout de mĂȘme Ă©tĂ© surpris par la nature des feux. "La particularitĂ© de Fontainebleau c'est que le sol, c'est de la tourbe, explique le lieutenant-colonel. C'est donc trĂšs fumigĂšne et sans forcĂ©ment beaucoup de flammes... Quand on est en pĂ©riode de sĂ©cheresse, la tourbe, qui n'est plus humide, donne un combustible supplĂ©mentaire."

Olivier Compta montre autour de lui "la fougĂšre qui normalement est trĂšs, trĂšs verte. Vous voyez qu'elle est bien marron, bien sĂšche, elle est prĂȘte Ă  brĂ»ler et donc elle fait dĂ©jĂ  un premier combustible qui permet au feu d'avancer vite."

Les arbres, dont certains ne supportent pas la sécheresse, grillent sur place, et font des petites allumettes ambulantes qui ne demandent qu'à brûler.

Le lieutenant-colonel Olivier Compta

Ă  franceinfo

MĂȘme si la vĂ©gĂ©tation reprend ses droits aprĂšs le feu. François Faucon parcourt les parcelles brĂ»lĂ©es cet Ă©tĂ©, un peu dĂ©pitĂ©. "C'est un petit peu dĂ©solant quand mĂȘme, dĂ©plore-t-il, c'est une trĂšs belle lande, sĂšche, qui hĂ©bergeait des espĂšces protĂ©gĂ©es et rares sur le massif, comme la fauvette pitchou. On peut se dire qu'en partie, les oiseaux ont rĂ©ussi Ă  partir, par contre on est beaucoup moins sĂ»r pour les petits animaux." Le 7 aoĂ»t, plus de cinq hectares de forĂȘt ont brĂ»lĂ© entre le Bois Rond et la plaine de Chanfroy.

Dix hectares de la forĂȘt de Fontainebleau ont brĂ»lĂ©, Ă  l'Ă©tĂ© 2020. (ANNE-LAURE BARRAL / RADIO FRANCE)

La forĂȘt francilienne ne ressemblera pas tout de suite aux massifs du sud est de la France mais en attendant les pompiers, eux renforcent leur moyen d’intervention : plus de points d’eau, plus de moyens aĂ©riens. Ils s’inspirent de leur collĂšgue du sud et ont mĂȘme testĂ© l’intervention de Canadair.

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