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Accueil de réfugiés climatiques par l'Australie : "L'Europe aussi réfléchit à traiter ces migrations, mais le débat public n'est pas mûr", estime le politologue François Gemenne

L'Australie a annoncé, vendredi, que les habitants de l'archipel des Tuvalu pourront bénéficier de droits "spéciaux" pour s'installer et travailler dans le pays, en vertu d'un traité rendu public par les deux États.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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François Gemenne, chercheur, spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, sur franceinfo dimanche 28 mai 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

L'Australie vient d'annoncer un accord avec les îles Tuvalu pour l'accueil de 280 réfugiés climatiques par an, "l'Europe aussi réfléchit à traiter ces migrations, mais le débat public n'est pas mûr", estime vendredi 10 novembre sur franceinfo le politologue François Gemenne, spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations.

L'accord consiste en l'accueil de 280 réfugiés du Tuvalu par an par l'Australie,qui a également proposé une aide de 9,5 millions d'euros pour aider le Tuvalu à consolider son littoral, frappé de plein fouet par la montée des eaux. Il prévoit également un engagement militaire de l'Australie en cas d'agression militaire du Tuvalu et un droit de véto de Canberra sur les accords militaires conclus par l'archipel avec d'autres pays.

franceinfo : Cet accord, ce n'est pas que de la philanthropie de la part de l'Australie ?

François Gemenne : C'est une proposition que le Premier ministre australien Anthony Albanese avait faite il y a plus de 15 ans, donc probablement que cela lui tient à cœur... Mais bien entendu, les valeurs sont alignées avec les intérêts et ce n'est pas de la pure philanthropie. Il y a lutte d'influence avec la Chine dans la région, et le Tuvalu est un pays très courtisé par la Chine dans le cadre des nouvelles routes de la soie. C'est aussi un changement politique car jusque-là, c'était surtout la Nouvelle-Zélande qui signait ce type d'accords, l'Australie était jusqu'ici plus tournée vers l'Asie du Sud-Est.

Est-ce que ce type d'accord peut s'imaginer avec d'autres Etats ?

On peut imaginer que ce type d'accord soit le début d'une longue série, il y a beaucoup d'autres Etats insulaires dans la région qui sont dans cette situation, avec plus d'habitants, comme les Kiribati.

Est-ce que l'Europe aurait intérêt à réfléchir à ce statut de réfugié climatique ?

L'Europe aussi réfléchit à traiter ces migrations, mais le débat public n'est pas mûr. Quand on regarde les principaux pays d'origine des demandeurs d'asile en France, on trouve le Pakistan et le Bangladesh qui sont deux pays en première ligne du changement climatique. Et une partie des migrants économiques en Europe pourraient déjà s'appeler migrants climatiques car ce sont des migrations liées à l'instabilité climatique qui menace par exemple les récoltes en milieu rural.

La collision entre l'immigration et changement climatique est frappante, et en France, le nouveau projet de loi qui prétend remettre le sujet à plat ne dit pas un mot de ces migrations liées au changement climatique.

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