2070, quand Paris aura le climat de Séville...
Alors que le froid s'apprête à prendre une bonne partie de la France à la gorge, on serait tenté d'en rêver. Le climat de Séville à Paris... Adieu gros bonnets et chaussures fourrées. Un sérieux bémol sur les rhinites, bronchites et autres joyeusetés hivernales. Et une bonne dose de soleil sur tout ça.
_ Pourtant, le scénario n'a rien d'enviable. D'autant moins que selon l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), il est fortement probable.
Selon un rapport présenté hier, si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, “l'été 2003 serait l'été moyen autour de 2070, ce qui veut dire qu'un été sur deux serait plus chaud que ça”, estime l'un des rédacteurs, Stéphane Hallegatte, chercheur à Météo-France. Au delà de la surmortalité, qui a marqué les esprits, “les gens ont oublié à quel point cela avait eu des conséquences généralisées, en plus de la surmortalité : des retards dans les transports, la climatisation des trains qui ne fonctionnait plus, les fréquentations des magasins en centre-ville qui avaient baissé au profit des centres commerciaux climatisés”.
Les calculs montrent que la température devrait s'élever de 3,5°C d'ici 2070. Et donc que Paris aurait le climat actuel de Séville. Mais Séville, elle, s'est construite en fonction de ce climat : rues étroites, bâtiments clairs, cours intérieures avec végétation et point d'eau, les fameux patios. D'après le rapport, les trois-quart des villes françaises sont inadaptées au climat méditerranéen. Et le tissu urbain risque d'accélérer la montée de la température, et de favoriser les inondations, à cause de l'imperméabilisation des sols.
Quelques mesures, à mettre en œuvre dès aujourd'hui, permettent de limiter les dégâts, comme l'implantation d'espaces verts dans les centre-villes, pour qu'ils jouent un rôle de “climatiseurs” et absorbent les précipitations. Rouen l'a déjà fait. Paris et Lyon y réfléchissent. Mais au-delà, il faudrait que la communauté internationale se remobilise autour des objectifs du sommet de Cancun, qui doit s'ouvrir lundi, et ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.
Grégoire Lecalot, avec agences
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