Egypte : le président Morsi repousse l'ultimatum, l'ONU et Obama appellent au dialogue
L'opposition lui a donné jusqu'à
17h ce mardi pour quitter le pouvoir. L'armée, quelques heures supplémentaires
pour "satisfaire les demandes du peuple", sans quoi elle
présentera sa propre feuille de route. Cela revient à demander à Mohamed Morsi
d'accepter de partager, voire de quitter, le pouvoir.
Signe d'une grande fébrilité, c'est
par un communiqué diffusé au milieu de la nuit que Morsi a balayé ces demandes. Sans aller jusqu'à dénoncer un coup d'état, le chef de l'État
égyptien affirme que les déclarations du général Abdel Fatah al Sisi sèment "la
confusion". Et qu'il s'en tiendra à son initiative de "réconciliation
nationale [...] sans se soucier de toute déclaration accentuant les
divisions entre les citoyens".
Premier signal envoyé mardi à l'opposition : le limogeage du procureur général nommé par Morsi. Talaat Abdallah sera remplacé par son prédécesseur, Abdel Meguib Mahmoud, qui avait été démis dès l'arrivée de l'équipe Morsi. La présidence égyptienne annonce également mardi que Mohamed Morsi a rencontré le chef d'état-major de l'armée, en présence du Premier ministre, pour la seconde fois en 24 heures, mais rien n'a filtré du contenu de l'entretien.
Les ministres quittent le navire
A la tête de l'exécutif, Morsi
semble de plus en plus isolé dans son entêtement. Six ministres, dont le chef
de la diplomatie, ont présenté leur démission. Cinq autres devraient suivre
dans la journée, croit savoir la presse égyptienne. Les porte-parole de la présidence et du gouvernement ont également claqué la porte.
Le pouvoir se délite mais les
partisans de Morsi resserrent les rangs. "L'époque des coups d'État
militaires est révolue", a lancé Yasser Hamza, l'un des dirigeants du
Parti de la liberté et de la justice, émanation des Frères musulmans. Une
alliance de partis islamistes appelle à des manifestations pour "défendre
la légitimité de Morsi".
La situation pourrait dégénérer : sur la chaîne de télévision que possèdent les
Frères musulmans, des présentateurs ont accusé les Chrétiens, les Coptes, d'être
majoritaires dans les cortèges.
Obama a téléphoné à Morsi
Comme si Mohamed Morsi était déjà
parti, les manifestants de la place Tahrir ont fait la fête toute la nuit. L'opposition
salue la prise de position de l'armée, dont plusieurs hélicoptères ont survolé
la place, faisant flotter des drapeaux égyptiens (notre photo).
À l'aube, le président américain a
appelé son homologue égyptien pour lui faire part de son inquiétude face à
l'aggravation de la crise politique au Caire. Barack Obama affirme son
attachement "au processus démocratique en Egypte" et appelle Mohamed Morsi à "prendre des mesures pour montrer qu'il est à l'écoute des préoccupations" des Egyptiens. "La crise actuelle ne peut être résolue que par la négociation", conclut Barack Obama.
Même tonalité du côté de l'ONU qui appelle à un "dialogue national sérieux" pour désamorcer la crise. "Rien ne doit affecter le processus démocratique" , déclare Rupert Colville, porte-parole du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme.
Les heures qui viennent seront déterminantes en Egypte.
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