Egypte : l'armée dément une tentative de coup d'Etat
L'armée égyptienne entre en scène. Accablé par l'opposition et par les millions de manifestants qui demandent la démission du président égyptien, Mohamed Morsi
fait maintenant face à une déclaration de l'armée. Le parti des Frères musulmans, au pouvoir, a répondu quelques heures plus tard. Ils "étudient " le communiqué de l'armée. Mohamed Morsi aurait rencontré le chef d'état-major, en présence du Premier ministre en début de soirée, annonce la page Facebook de la présidence.
"Si les revendications du peuple ne sont pas satisfaites durant cette période, (les forces armées) annonceront une feuille de route et des mesures pour superviser leur mise en oeuvre"
Dans une déclaration lue à la télévision ce lundi, le
chef d'état-major a accordé 48 heures aux responsables politiques pour "satisfaire les demandes
du peuple ", expliquant que celles-ci ont été exprimées d'une manière
"sans précédent ". Il a également déclaré que l'armée présenterait sa propre "feuille de route " pour sortir de la crise si les politiques n'arrivent pas à s'entendre.
Dans la soirée, elle a publié un autre communiqué pour démentir toute tentative de coup d'Etat. Avec ses déclarations, l'état-major voulait uniquement "pousser les politiques à la négociation ".
En février 2011, l'armée avait géré la transition entre la chute d'Hosni Moubarak et l'élection de Mohamed Morsi. Le chef de l'Etat major a cependant déclaré que, cette fois, l'armée ne voulait pas s'impliquer "directement " en politique ou au gouvernement.
L'armée survole la place Tahrir
Place Tahrir, les manifestants ont explosé de joie après ces déclarations. L'opposition a salué le choix de l'armée de se "ranger du côté du peuple ". Ce lundi, le président a par ailleurs été lâché par quatre ministres qui ont annoncé leur démission.
Cinq hélicoptères de l'armée arborant le drapeau égyptien ont survolé Le Caire en boucle lundi soir, peu après l'ultimatum de 48 heures fixé par les militaires à la classe politique pour qu'elle parvienne à un compromis.
"C'est une menace à peine voilée" (Hasni Adibi, directeur du Cernam)
Pour Hasni Abidi, directeur
du Cernam (centre d'études et de recherches sur le monde arabe
et méditerranéen), "c'est une menace à peine voilée contre le président
Morsi parce que quand on entend feuille de route, ça veut dire :
élection anticipée, démission de Morsi ou un référendum sur son maintien ".
Le problème, selon Hasni Abidi, c'est que "la rue égyptienne veut
autre chose. Elle veut le départ de Morsi, ce qui signifie un grand vide
puisque nous n'avons pas de parlement ".
L'opposition exclut de discuter avec Morsi
Lundi soir, le principal bloc d'opposition a déclaré de pas vouloir discuter avec le président Morsi. "Nous n'allons pas discuter avec Morsi car nous considérons qu'il n'est plus légitime ", a dit Khaled Dawoud, porte-parole du Front de salut national (FSN), coalition rassemblant des libéraux et des personnalités de gauche.
Il a ajouté que le FSN était prêt à d'éventuelles discussions avec l'armée. "Nos revendications, que nous allons présenter à l'armée, sont principalement que le président Morsi démissionne et que nous allons avoir besoin d'un gouvernement fort et d'unprésident intérimaire, dont nous proposons qu'il s'agisse du président de la Cour constitutionnelle ".
Barack Obama appelle à la "retenue"
En déplacement en Afrique sub-saharienne, Barack Obama a appelé "toutes les parties à la retenue ", ajoutant "ce qui est clair aujourd'hui, c'est que, même si M. Morsi a été élu démocratiquement, il faut faire plus pour créer les conditions dans lesquelles chacun a le sentiment que sa voix est entendue " en Egypte.
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