Données personnelles : un an après Snowden, le débat continue
Il y a un an jour pour jour, le quotidien britannique The Guardian publiait, en une, des documents potentiellement explosifs. Fournis par un consultant de l'agence américaine de renseignement (NSA), Edward Snowden, ils montraient à quel point l'agence surveillait les communications des citoyens à travers le monde. Téléphone, courriels, données personnelles sur Internet, tout y passe. Un an après le choc, les révélations se sont succédé, et Edward Snowden est exilé en Russie, inculpé d'espionnage par Washington qui ne décolère pas contre lui.
Le débat lancé par Edward Snowden a essaimé à travers le monde ; au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, peut-on dénier toute vie privée à un citoyen ? En d'autres termes, la fin justifie-t-elle tous les moyens en matière de défense ? Lanceur d'alerte pour beaucoup, traître pour d'autres (surtout Américains), le jeune homme n'a pour l'instant pas l'intention de rentrer chez lui, après avoir fait une demande d'asile au Brésil.
Les géants du web inquiets
Les révélations d'Edward Snowden ont choqué des millions de personnes à travers le monde. Des utilisateurs d'Internet notamment, qui ont appris que leurs données personnelles, semées au gré de leur cheminement à travers les géants américains que sont Apple, Google, Yahoo! ou Facebook, étaient consciencieusement collectées par la NSA. Problème : ces entreprises, contraintes de collaborer, ont vu leur image entachée par cette affaire.
Et qui dit problème d'image, dit certainement perte de marchés. Pour David Drummond, vice-président de Google interrogé en exclusivité par nos confrères du Mouv', "ce que ce gouvernement a fait, ça a vraiment fait du mal à Internet ".
Les grandes entreprises américaines font désormais usage de tout leur poids de lobby pour encourager les réformes. Mais la loi proposée par le gouvernement, et votée par la Chambre des représentants, n'est pour l'instant pas suffisante. Elle ne fait qu'amender le système de collecte de données, sans changer le système lui-même.
Un an après, quelles avancées ?
Un an après le début des révélations d'Edward Snowden, le plus grand mérite de cette affaire est d'abord d'avoir ouvert le débat, qui semble ne pas se refermer. Les usagers d'Internet sont de plus en plus nombreux à se préoccuper de la collecte de leurs données personnelles, comme les "simples" citoyens le sont de l'interception de leurs appels téléphoniques. Aux quatre coins du monde, partis politiques et associations appellent à entendre l'appel du lanceur d'alerte, persona non grata dans son propre pays.
L'immense majorité des alliés des États-Unis, dont les dirigeants eux aussi ont été écoutés par la NSA, ont préféré fermer les yeux, malgré des protestations de pure forme. Mais le changement de ton est peut-être en train de se dessiner. En Allemagne, la justice a décidé ce mercredi d'ouvrir une enquête sur l'espionnage du téléphone de la chancellière Angela Merkel. Et au Brésil, la présidente Dilma Rousseff ne rate pas une occasion de dénoncer la surveillance dont elle aussi a fait l'objet. Elle a notamment crié sa colère à la tribune de l'Onu en septembre dernier, et a annulé dans la foulée une visite d'État à Washington. Le Brésil est ainsi devenu l'exemple de la lutte contre la surveillance "sauvage" des citoyens ; un sommet sur la gouvernance du Net s'est tenu à Sao Paulo en avril dernier, et la demande d'asile d'Edward Snowden formulée la semaine dernière est tout, sauf un hasard.
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