Deux personnes ont trouvé la mort lundi, lors des manifestations contre le pouvoir qui ont eu lieu à Téhéran
La police a tiré des gaz lacrymogènes et des billes de paintball pour disperser plusieurs milliers de manifestants rassemblés près de la place Azadi (Liberté).
Alors que ces rassemblements interdits étaient silencieux au départ, certains slogans ont finalement émergé tels que "mort au dictateur" et "Khamenei honte à toi !".
Les protestataires, emmenés par plusieurs groupes d'opposition, ont également incendié quelques poubelles, selon des témoins sur place. Ceux qui n'osaient pas descendre dans la rue criaient les slogans anti-gouvernementaux depuis leurs fenêtres.
Deux personnes ont été tuées et neuf policiers ont été blessés dans les manifestations. Selon les autorités, les victimes étaient des partisans du régime.
Plusieurs centaines de manifestants battus et arrêtés
Les forces de l'ordre ont bloqué les accès à la place Azadi où les manifestants, dispersés par petits groupes dans le centre-ville, avaient prévu de converger. Les policiers ont surtout fait en sorte de disséminer les manifestants afin qu'un grand rassemblement ne puisse se tenir.
Selon le site Kaleme.com de Mir Hossein Moussavi, les forces anti-émeutes et des bassidjis (miliciens islamistes) à moto auraient battu des manifestants à coups de bâton et tiré en l'air et plusieurs centaines de manifestants auraient été arrêtés.
Des centaines de manifestants sont également descendus dans la rue à Ispahan, la troisième ville du pays, où des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers et où plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées. Des manifestations ont eu lieu aussi à Chiraz et Machhad.
Les deux leaders de l'opposition isolés, la presse interdite d'accès
Les autorités ont interdit aux médias étrangers à Téhéran de se rendre sur place pour couvrir ces rassemblements, comme à chaque manifestation ou tentative de manifestation de l'opposition en Iran depuis 18 mois.
Parallèlement, la police a bloqué et totalement isolé à leurs domiciles les deux principaux leaders de l'opposition réformatrice, l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi et l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, qui avaient demandé l'autorisation de manifester. Encerclés par les forces de police, ils n'ont pu mettre le pied hors de chez eux.
Selon certaines sources, les autorités auraient bloqué l'accès à internet de plusieurs sites d'opposition et tenté de brouiller les chaînes d'information par satellite. Le réseau de téléphonie mobile avait été coupé dans les quartiers entourant la place Azadi de Téhéran.
Il s'agissait des premières manifestations publiques significatives de l'opposition depuis un an à Téhéran, violemment réprimées, qui avaient fait des dizaines de morts. Celles de lundi visaient officiellement à manifester un soutien aux mouvements populaires en Egypte et en Tunisie, mais ont été interdites par les autorités qui y ont vu un "stratagème" pour manifester contre le gouvernement en promettant d'y réagir "fermement".
Paris condamne "avec fermeté" les violences
La France "condamne avec fermeté les violences commises à l'égard des manifestants" lundi en Iran et "demande la libération des personnes arrêtées", a déclaré mardi le ministère des Affaires étrangères.
Le pote-parole du ministère, Bernard Valero, a par ailleurs indiqué que la France "réitère son attachement à la liberté d'expression".
Hillary Clinton exhorte Téhéran à "s'ouvrir"
Les Etats-Unis soutiennent les revendications des manifestants iraniens. "Nous souhaitons la même chance à l'opposition et aux personnes courageuses qui sont descendues dans la rue à travers l'Iran que celle qu'ont su saisir leurs homologues égyptiens la semaine dernière," a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
"Nous soutenons les droits universels du peuple iranien. Il mérite les mêmes droits" que ceux qu'exigeaient les manifestants qui ont provoqué la chute d'Hosni Moubarak, a-t-elle souligné. Elle a mis en garde contre tout usage de la violence après des incidents survenus entre les forces de l'ordre et des manifestants.
"Nous pensons qu'il faut (...) que le système politique iranien s'ouvre afin que soient entendues les voix de l'opposition et de la société civile", a encore observé la chef de la diplomatie américaine.
De son côté, la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a appelé mardi l'Iran à respecter le droit de manifester pacifiquement et a critiqué les restrictions imposées à certains membres de l'opposition réformatrice.
En France, le ministère des Affaires étrangères a condamné lundi "avec fermeté les violences commises à l'égard des manifestants" et a demandé "la libération des personnes arrêtées".
Les USA créent un compte Twitter en farsi (persan)
Le département d'Etat a commencé dimanche a écrire des micro-messages sur le site Twitter en persan pour s'adresser aux Iraniens, en insistant sur la nécessité que Téhéran laisse sa population manifester pacifiquement et librement comme en Egypte.
Au moment de lancer ce nouveau compte Tweeter, , les Etats-Unis évoquent "le rôle historique" que les médias sociaux jouent chez les Iraniens. "Nous voulons vous rejoindre, dans vos conversations au quotidien", est-il écrit dans ce message.
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